Imaginée en 1998 un soir d'Halloween par l'artiste Run (Guillaume Renard de son vrai nom), la saga Mutafukaz (pour motherfuckers) aura donné lieu à cinq tomes, un prequel (It Came from the Moon, publié entre les volumes 2 et 3), une relecture par Jérémie Labsolu (MétaMuta) et un long-métrage prévu pour 2017 en collaboration avec le Studio 4°C. Une aventure de dix bonnes années qui aura également vu la création du Label619 sous la houlette d'Ankama et la supervision de Run en personne.
Débutant tranquillement pour atteindre au fil des tomes des sommets dans le délire apocalyptique, Mutafukaz colle aux basques de deux paumés évoluant au coeur de Dark Meat City, une ville "futuriste" gangrénée par la violence, la corruption et les inégalités, et qui vont se retrouver malgré eux dans les emmerdes jusqu'au cou.
Un véritable bouillon de culture que nous propose Run, mélangeant allégrement street art, S-F parano digne des 50's, culture gangsta et japonaise, lucha libre, kaiju eiga et bien d'autres choses encore, le tout baignant dans une imagerie religieuse typiquement latine. Nos anti-héros se verront ainsi face à des gangs tout droit échappés de GTA, à des lutteurs mexicains, aux magouilles du gouvernement, à une intelligence extra-terrestre belliqueuse et même à des monstres géants.
Des aventures aussi drôles que perchés, qui permettent à Run de donner la pleine puissance de son talent graphique, jonglant avec différents styles et rendant hommage aussi bien au comic-book qu'au manga. Des planches visuellement sublimes, dynamiques et recelant plus d'une fois des trésors d'inventivité visuelle comme narrative.
Bien que le final risque fortement de diviser les lecteurs malgré l'amertume de son épilogue, Mutafukaz est une série entraînante et délirante, la déclaration d'amour d'un auteur à tout un pan de la contre-culture sous toutes ses formes. Palpitant, jouissif et formellement magnifique.
Tome 1: 7/10.
Tome 2: 8/10.
Tome 3: 8/10.
Tome 4: 9/10.
Tome 5: 7/10.