Avant le lancement de la nouvelle série New Gods chez DC en décembre 2024, le duo Ram V et Evan Cagle ont donc fait cette mini-série en 5 numéros, Dawnrunner, publiée aux US chez Dark Horse.
La première chose que l'on peut dire, c'est que les dessins de Cagle sont extrêmement beau. Les persos sont superbes, le trait est fin et détaillé mais en même temps vivant et expressif, et on sent que l'artiste a beaucoup d'influences très variées, notamment les animes de S-F des 80-90's, qui sont clairement convoqués : Evangelion évidemment, mais on a aussi des clins d'œil à Ghost in the Shell, Akira, et sûrement d'autres encore...
On sent que Cagle adore les mechas, c'est assez évident, mais hélas il oublie un peu la lisibilité quand il les met en scènes dans les bastons face au kaijus. Le design même du Dawnrunner est cool mais pas évident à lire de base, et c'est bien entendu encore pire en mouvement, et c'est hélas un peu la même chose pour les monstres. Couplé avec une volonté d'être assez nerveux dans l'action, ça fait qu'on ressent bien l'intensité mais qu'on met un peu de temps à comprendre ce qu'on voit, même en couleurs.
Toutefois, ça reste une BD sublime graphiquement, avec pas mal de cases et de pages assez bluffantes, et heureusement que HiComics a sorti ce titre en grand format (ce qui n'arrive vraiment pas tous les jours chez eux) pour qu'on puisse profiter du travail du dessinateur.
V et Cagle développent un univers très influencé par d'autres œuvres, qui ne semble pas forcément le remix d'idées le plus original, surtout que ça utilise plein d'archétypes assez évidents, mais ça s'avère quand même très bien fait, je trouve. J'ai bien aimé qu'avec toutes ces influences ça ne parte dans un truc très second degré plein de clins d'œil pop-culturels mais qu'au contraire, le scénariste essaye de faire un intrigue très premier degré et qu'il arrive à proposer un récit prenant, humain, un peu touchant, avec du cœur, et avec une aura crépusculaire marquante et réussie.
Le premier numéro avec tous les concepts à assimiler peut paraître un poil ardu, mais après ça devient plus fluide et j'ai trouvé ça très bien mené. Ram V a clairement conscience qu'il n'a que 5 numéros, et je trouve qu'il s'en sort plutôt bien pour faire un récit resserré sans superflu. J'aurais quand même aimé un ou deux numéros de plus (ou des numéros oversized) pour développer un peu plus certains points, notamment l'épilogue peut-être trop ramassé pour être pleinement satisfaisant, mais globalement ça reste très maîtrisé, avec des persos qui m'ont semblés plus riches qu'on ne pourrait le croire au premier abord.
Bref, malgré des imperfections, j'ai trouvé que ce Dawnrunner était vraiment une super lecture, qui a en plus le mérite d'être hyper impressionnante visuellement.