En 1975, DC lance une étonnante série, "1st Issue Special", où chaque épisode est un numéro 1, un pilote d'une nouvelle série, soit présentant de nouveaux persos, soit essayant de relancer certains héros. Il y a eu ainsi 13 numéros, fait par pas mal d'auteurs cultes et présentant des concepts très variés mais qui sont pour la plupart restés sans suite directe.


La série était plutôt tombée dans l'oubli, mais DC l'a récemment déterrée à l'occasion d'une étonnante maxi-série concept : "Danger Street" où Tom King et Jorge Fornés essayent de raconter une histoire qui rassemble tous les personnages présentés dans la série 1st Issue Special, alors que les ambiances des épisodes originaux étaient vraiment très disparates. Le nom Danger Street faisant lui-même référence au titre d'un des épisodes originaux : "The Dingbats of Danger Street".


Bref, DC a donc profité de la sortie de la nouvelle série Danger Street pour rééditer ces épisodes de 1st Issue Special, et je me suis dit que j'allais lire ça avant de lire la série de Tom King, histoire d'apprendre à connaître tous ces persos.


La série commence plutôt fort avec Atlas, par le grand Jack Kirby, qui est un peu une relecture de Conan à sa sauce, et c’est très efficace.


Après on a la Green Team, par l’illustre Joe Simon au scénario et Jerry Grandenetti aux dessins, qui est un concept improbable où on suit une bande de gamins qui ont la particularités d’être millionnaires. C’est étonnant mais hélas l’épisode est pas super convaincant, notamment sur comment ce concept pourrait donner une série sympathique.


On passe ensuite à Metamorpho, par son équipe créative d’origine, Bob Haney et Ramona Fradon. Le héros est plutôt attachant et il y a une dynamique qui marche super bien entre les persos principaux avec le père de la copine du héros qui est le patron antagoniste de ce dernier, avec en plus l’homme de main du patron qui est un homme singe qui rêve de séduire la copine du héros. A ça il faut ajouter les dessins de Fradon, plus cartoony que ce que l’on a d’habitude en comics de super-héros à l’époque, et qui sont vraiment super chouettes. Par contre, l’histoire ici proposée est anecdotique, hélas. Mais ça donne envie de découvrir le personnage.


On a ensuite Lady Cop, par Robert Kanigher (qui a piloté les aventures de Wonder Woman pendant des années) et John Rosenberger, qui présente juste les aventures d’une femme flic. Sans être renversant, ça à l’intérêt d’évoquer le sexisme que subit forcément notre héroïne.


Puis on a le retour de Kirby, avec le Manhunter, qui est ici assez différent de ce qu’il deviendra ensuite, avec tout ce concept de robots au service des Gardiens. Là c’est un pur délire de Kirby assez jouissif avec une espèce de dynastie secrète de héros, incarnations de la justice, qui traquent (d’où leur nom) leurs ennemis jusqu’au bout. Si on aime Kirby, on se régale.


Et on continue d’ailleurs avec Kirby sur le numéro suivant, avec les fameux Dingbats of Danger Street, qui est une des nombreuses bandes de gamins que l’auteur a créé au cours de sa carrière. C’est sympathique et ce qui est marrant c’est que c’est un peu l’antithèse de la Greent Team.


On passe ensuite d’une légende à une autre, puisqu’après Kirby on a Ditko et son Creeper. C’est évidemment un plaisir de revoir les dessins de l’artiste, mais hélas l’histoire que lui a concocté Michael Fleisher n’est pas hyper convaincante. On a un espèce de sous Spider-Man mal fichu avec un héros en costume improbable. J’ai eu du mal à piger le concept du perso qui semble un peu bancal. En plus, le fait qu’il opère à Gotham donne aussi un côté sous Batman.


Après on a le Warlord de Mike Grell : c’est de l’isekai à l’occidentale classique de l’époque, avec un militaire valeureux qui se retrouve dans un monde fantasy. C’est assez basique mais étonnamment efficace.


Puis on a Doctor Fate, par Martin Pasko et Walt Simonson, qui vaut surtout pour les dessins de Simonson, qui est déjà très fort et très efficace. Y a quelques bonnes idées dans l’histoire mais c’était pas ultra passionnant à suivre non plus.


L’histoire suivante est celle des Outsiders, par Simon et Grandenetti qui font leur retour, et ça a été une excellente surprise, une espèce de parodie des X-Men où ils seraient tous plus monstrueux et bizarres et emportés dans une narration frénétique. C’est halluciné, un peu barré et c’est le genre de délire que je trouve délicieux.


On a ensuite Code Name Assassin qui ne tue personne. C’est signé Gerry Conway, Steve Skeates et Nestor Redondo. L’idée d’un héros masculin avec des pouvoirs de télépathie/télékinésie qui les utilise de manière physique dans des intrigues street-level de vigilante face à la pègre est pas inintéressante, mais rien de sensationnel non plus.


On enchaîne donc avec Starman, par Gerry Conway et Mike Vosburg, qui m’évoque avec plaisir les premières aventures du Captain Marvel de la Maison des Idées. Y a quelques bonnes idées, mais comme pour Assassin, c’est du comics 70’s assez classique.


Et on fini avec les New Gods, par les mêmes Conway et Vosburg, avec en plus Denny O’Neil aux dialogues. C’est intéressant de voir ces persos utilisés par d’autres auteurs de l’époque. Ca n’a pas le charme et la grandeur de Kirby, bien sur, mais ça reste sympa et intéressant. Par contre le nouveau costume d’Orion est bien trop classique et beaucoup moins iconique.


Voilà pour la présentation rapides des différentes histoires. Ce qui est sympa, c'est la variété des ambiances entre les différentes histoires, tout en ayant ce sympathique parfum de comics 70's. Pour moi qui aime bien tester des nouvelles séries et qui ne les lit pas forcément jusqu'au bout, je dois avouer que cette idée de papillonner de concepts en concepts me convenait plutôt bien. Surtout qu'en plus les numéros ne font que 18 pages donc ils se lisent plutôt rapidement et facilement.


Cependant il y a forcément un côté frustrant quand on a pas la suite d'une histoire qu'on a bien aimée, surtout qu'elles se terminent souvent en cliffhangers, et que certains personnages ne sont quasiment jamais réapparus dans l'univers DC. Donc il faut faire avec, mais franchement j'ai trouvé la lecture plutôt plaisante. En plus chaque numéro était accompagné d'un petit texte éditorial, qui permet soit une note d'intention, soit une présentation des auteurs, ou un petit historique pour les persos qui tentaient leur come-back, ce qui est toujours bienvenu.


Bref, cet ouvrage est bien entendu une curiosité, c'est bien entendu loin d'être un indispensable (et je pense vraiment pas qu'il soit nécessaire pour lire la série de Tom King), mais ça reste une lecture tout à fait sympathique et pleine de charme.

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le 1 nov. 2024

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