Death is for Suckers - Suicide Squad, Vol. 3 par Ninesisters
Alors que je n'attendais rien de cette série, j'ai vraiment appris à apprécier Suicide Squad à la lecture de ses deux premiers tomes. Retrouver Harley Quinn dans une équipe de mercenaires chargés de commettre les pires atrocités "pour la bonne cause", il faut bien avouer qu'il y a du potentiel. Et c'est exactement ce que nous propose ce comics jusque-là, en plus d'un scénario inattendu.
Ce troisième tome commence fort avec un titre hilarant, et une couverture saisissante. Hélas!, il n'arrive pas à tenir toutes ses promesses et se montre un cran moins jouissif et réussi que ses prédécesseurs.
C'est avec Death is for Suckers que la série atteint ses premières limites, en raison notamment d'un schéma esquissé jusque-là mais qui prend définitivement corps ici. Pour résumer, la mort n'aura aucune emprise sur les personnages de Suicide Squad, ce quel que soit leur camp. Gentils méchants et méchants méchants pourront bien crever autant qu'ils le souhaitent, tant que le scénariste - qui à priori a changé depuis - n'aura pas décidé que c'est définitif, ils reviendront à un moment ou à un autre. Dans un sens, c'est agréable de constater qu'il ne s'agit pas de simple chair à canon - même si dans certains cas, nous pourrions le regretter - mais de l'autre, cela annihile toute puissance dramatique. A vrai dire, c'est d'autant plus gênant qu'en utilisant la mort de ses personnages comme cliffhanger, l'effet tombe complètement à plat.
L'autre défaut de ce comics, c'est qu'il appartient à l'univers Batman. La seule conséquence néfaste de la présence de la délicieusement horrible Harley Quinn. Cela n'a l'air de rien, sinon que cela autorise l'auteur à faire des références à d'autres séries de l'univers - en l'occurrence Birds of Prey, et tant pis pour ceux qui ne la lisent pas - et surtout, cela l'oblige à composer avec ses arcs majeurs. Ainsi, si nous avons réussi à passer à travers Court of Owls, il n'en va pas de même pour Death of the Family, que nous nous prenons en pleine face le temps de quelques chapitres ; non seulement ce n'était pas nécessaire, mais son intrusion ne se fait pas pour le mieux et aurait même tendance à casser le rythme propre à Suicide Squad. Je veux bien que les personnages aient leurs propres démons à combattre, mais autant Harley qui part en vadrouille voler le visage du Joker est crédible, autant les événements au début de Death is for Suckers me laissent sceptique.
Je ne vais pas abandonner cette série pour autant, car passés cet interlude et ce mécanisme de résurrection systématique façon Maraudeurs (c.f. Uncanny X-Men) un peu vexant, Suicide Squad reste un titre des plus accrocheurs, encore capable de quelques fulgurances sanglantes et de piques savoureuses. Ce titre doit décidément énormément à son héroïne, qui si elle n'a plus grand chose à voir avec la version de Paul Dini et Bruce Timm reste un personnage fascinant, dérangé, sarcastique, imprévisible, monstrueux, et même brillant. Suivre ses aventures (et ses amours) s'impose comme un plaisir de tous les instants. Pour ne rien gâcher, le scénario n'est pas avare en rebondissements, et son idée de la secte (ou supposée comme telle) luttant contre les super-pouvoirs ne manque pas d'intérêt.
Maintenant, nous ne pouvons qu'espérer que le prochain tome nous permettra de retrouver tout le charme et la folie des débuts.