Death Note était le manga évènement des années 2006-2008. A l'époque décrit comme LE shônen à lire, il a malgré tout, ou justement à cause de cela, rapidement trouvé une horde de détracteurs prêts à tout pour désacraliser un titre qui ne méritait pas, selon eux, une telle gloire ? Qui a raison, qui a tort, c'est que nous verrons !
Death Note avait donc un synopsis prometteur. Nous laissant croire à des stratagèmes brillants, a des réflexions poussées et, pourquoi pas, à des interrogations d'ordre philosophique et/ou morale. Et, comment dire ? S'il y a, effectivement, bien de tout cela, on ne peut pas décemment qualifier Light et L de génies.
Parce que tout ce qui est éthique est balayé d'une parole par le premier, ou porté naïvement en étendard par le second. Parce que leurs duels ne sont que longues réflexions creuses et inutiles, longs pavés de texte indigeste au possible. Un exemple ? Allez, c'est facile. Dans l'un des premiers tomes, Light et L s'affrontent au cours d'un match fort inintéressant de badminton. Et là, c'est tout un tas de stratagème pour savoir si, en gagnant Light ne se montrait pas comme étant possiblement Kira, ou si, en perdant, il sera assez convainquant dans son rôle de "Je-ne-suis-pas-Kira". Et de son côté, L fait le raisonnement parrallèle.
Et tout le manga sera du même acabit, avec L soupçonnant Light dès le début et Light cherchant à tuer L dès le début, aussi.
Heureusement, il y a un côté fortement fantastique dans ce récit policier où seuls les deux protagonistes centraux ont un minimum d'intelligence (les autres sont stupides, sans exceptions, histoire de creuser l'écart). côté fantastique dominé par Ryuk, son Death Note et ses pommes. En dehors de ça, les autres Dieux de la Mort présentés font de la figuration ou sont manipulés comme des neuneus par un Kira machiavélique. Justification de tout ce bordel ? Ryuk s'ennuyait. Oh.
A noter que tout un tas de règles existent pour ce genre de situation, pour utiliser un tel cahier, et que certaines sont tellement précises qu'on dirait qu'elles ont été inventées pour faciliter l'avancée du scénario selon les plans de Kira. Quoi, c'est vraiment le cas? Autant pour moi, alors.
Du coup, comme seuls les gens touchant (ou ayant touché) le cahier voient Ryuk, cela force Light a trouver de nouveaux moyens pour communiquer avec le Dieu sans passer pour un cinglé (contrairement à Hikura et Chiaki dans Genkaku Picasso). Placé sous surveillance comme toute sa famille car L les soupçonne rapidement (sinon, ce ne serait pas drôle), Light fait preuve d'ingénuosité. Mais tout cela sera bouleversé par un second Kira...
Cela nous amène droit à Misa, l'autre personnage important, et surtout figure féminine majeure, puisqu'elle représente toute la bêtise sotte du manga, mais qui permet à Light de se sortir de bien des situations, en jouant à cache-cache avec les deux cahiers, en se servant de ses yeux de la Mort. Bref, encore un pion sur son échiquier.
Dans Death Note, les personnages féminins sont particulièrement malmenés. Misa, Maman-Kira, Soeurette-Kira, la femme de Raye Penber, et j'en passe, toutes servent de faire-valoir et prouvent leur inutilité régulièrement.
On remarquera également que, pour des raisons de simplification, les Dieux de la Mort se rendent tous au Japon, tombent tous amoureux de Misa (ce qu'il les fait crever, cool), alors que ceux qui veulent arrêter Kira sont tous américains (y a des japs', mais ils obéissent à L, l'amerloque). Je ne sais pas s'il faut en déduire quelque chose, mais cela me laisse perplexe...
Reste le dessin, sans aucun défaut, sûrement pour compenser une trame alambiquée et surévaluée. Il y avait moyen de faire quelque chose de sympa, moins prise de tête, mais non. Raté. Et ce n'est pas le coup de théâtre en milieu de série, ni sa fin, qui sauveront le manga.