Le début de Ki-itchi est déroutant. Nous voilà à suivre le quotidien d’un gamin turbulent et violent, aux idées bien affirmées, peu bavard, loin d’être mignon, et causant bien des embarras à sa famille, qui tente de s’en occuper avec amour malgré tous les problèmes dont il est l’origine.
Voilà de quoi surprendre ! On se situe à des lieux d’un titre comme Yotsuba & ! … Alors, oui, effectivement, Gorô et Tchinatsu font tout leur possible pour réparer les bêtises, et passent ainsi leur temps à courir après Ki-itchi, souvent fugueur, ou à s’excuser suite à ses bagarres. Ce qui ne laisse pas beaucoup de temps à eux. Le début de Ki-itchi est ainsi très spécial, un peu étrange, mais il faudra franchir cette étape, indispensable, si l’on veut découvrir le reste.
Pour le moment, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Même si un chat souffre réellement dans le premier tome, snif.
Rapidement, un évènement tragique va bouleverser cette petite vie bien rangée… De là, c’est une véritable aventure qui s’offrira à Ki-itchi, permettant à l’auteur de dévoiler les côtés les plus sombres et glauques de la société. SDF, chômage, prostitution, tout y passe. La vie ne sera pas tendre avec le pauvre gosse, qui en verra passer, et vivra bien plus que ce qu’un gamin de son âge devrait vivre.
Mais Hideki Arai n’en a pas fini avec son jeune héros. Au moment où les choses semblaient se tasser, alors qu’une résolution semblait approcher, le mangaka profite d’une ellipse temporelle pour amener son récit dans une nouvelle direction. Désormais collégien, Ki-itchi va rapidement se trouver mêlé à une sombre affaire dans laquelle les plus hautes instances de l’état sont impliquées…
Et je n’en dirais pas plus, histoire de laisser intact le meilleur du manga.
Revenons sur la tout première partie du manga, et plus particulièrement sur le tome un, introduction à l’univers de Ki-itchi !! . Avec un dessin des plus éloigné des standards habituels du manga, Ki-itchi surprend déjà par son aspect visuel. Il est à ce titre dommage que la fureur et puissance des couvertures ne se retrouve pas toujours aussi puissamment décrites lorsque l’auteur passe au noir et blanc.
Mais si le lecteur parvient à passer outre l’aspect graphique, il lui faudra ensuite réussir à s’intéresser à un gamin qui ne fait rien pour lui paraître sympathique ! Mais le drame et sa cruauté qui se présentent sans carton d’invitation captivent. On ne peut que se questionner quant aux réactions de Ki-itchi, et à son évolution qui va en découler.
En fait, le gros défaut de la série de Hideki Arai, c’est l’absence totale de ligne directrice : on ne sait jamais où il veut nous emmener, et c’est bel et bien cela qui risque de nous perdre.
Mais il s’agit également de sa plus grande force, le mangaka n’hésitant pas à nous promener à sa guise, en grossissant parfois le trait, ni à surenchérir les drames, le malheur et le glauque. Ainsi, il réussit à nous offrir une fin d’arc en apothéose, allant jusqu’au bout de ses idées, comme Ki-itchi. Alors oui, ça peut paraître exagéré, mais bon Dieu, que c’est grandiose !
Allez, Ki-itchi, autant jouer le tout pour le tout, on est avec toi !
Et Ki-itchi n’est pas seul. Sa force réside aussi dans ceux qui l’accompagnent. [J'ai failli écrire "dans ses amis", mais ça aurait fait mignonnet alors que le manga n'est pas vraiment écrit dans cet optique.] On retiendra notamment Kai, le canalisateur de Ki-ichi, qui concrétise vraiment les projets sans avoir peur de l’envergure démesurée que cela prend, ni même des conséquences à venir. Le personnage, et ses relations compliquées avec sa famille, apporte une nouvelle dose de réalisme, une nouvelle touche au tableau d’une peinture sociétale complexe mais réellement bien travaillée.
Je retiendrais notamment l’une des réaction de sa mère, en fin de série, une seule phrase, mais qui montre toute la profondeur des protagonistes, même ceux les plus inattendus.
Edité par Akata qui fait comme d’hab’ du bon boulot (mis à part Kai qui devient Kei au grès des pages). Ki-itchi !! est un manga qui remue les tripes (miam) et que je conseille ainsi à tout le monde. Et qu’importe si vous avez du mal à vous procurez le tome 8.