Pour moi, comme pour bien d'autres occidentaux, "Death Note", c'est un incontournable dans l'univers des manga. Une sorte de classique, en quelque sorte. Cette série en treize tomes vous amène à Tokyo, capitale nippone, où un jeune homme brillant tombe par hasard sur un carnet très particulier. Un carnet qui appartient à un ange de la mort ( Shinigami, en japonais), nommée Ryukku. celui-ci l'a laissé tomber dans notre monde afin de tromper son ennuis.


Light ( Raito) Yagami, 16 ans, sous ses airs parfaits, est ce qu'on appelle un psychopathe. Dénué d'empathie, guidé par ses propres convictions et répondant sa propre vision de la justice, devient un tueur en série grâce à ce carnet. En effet, dans cette "Death Note", écrivez-y un nom et cette personne mourra. Il existe un système de règles qui régisse ce carnet, dont je vous épargne la technicité. Une chose est sure, Light s'y retrouve très bien et décèle même de nouveaux moyens d'exploiter ce carnet mortel. C'est le début d'un complexe de Dieu pour Light, qui décide d'utiliser le carnet afin "de purifier le monde" des criminels.


Bien sur, avec une arme pareille, difficile de mettre la mains sur ce tueur. Déjà, des citoyens, majoritairement des victimes qui avaient soif de justice, acclament Light et le surnomment "Kira", dérivé du mot "killer". Si Light jubile de son nouveau statut, Interpole s'affole devant les meurtres inexpliqués. On décide alors de mettre le meilleur détective au monde sur ce cas. Ironiquement, "L" est aussi mystérieux que "Kira". On ignore de qui il s'agit et il ne communique que par l’intermédiaire croisé d'un ordinateur et d'un homme de mains, Watari. Très vite cependant, on constate que L est aussi un génie et réussi assez rapidement à cerner le profil type de Light, alias Kira.


Death Note, c'est essentiellement l'histoire de deux génies qui, s'ils n'étaient pas "tueur contre détective", auraient été surement de bons amis. Mais bon, leur conception de la justice est terriblement opposée. L incarne l'absolu de la Loi, alors que Light incarne la justice punitive divine. Même physiquement, ils sont opposés: Light est le parfait citoyen propre de sa personne et si aimable que s'en est louche. L au contraire est déglingué, a une scoliose au dos, a les yeux terriblement cernés et marche souvent sans chaussures.


Personnellement, j'ai aimé détester Light, un être fondamentalement égoïste et qui a un sacré complexe de supériorité. C'est fascinant de voir sa personnalité psychotique mise de l'avant par l'arrivé du carnet. Autrement, son masque est parfait, un vrai étudiant modèle. C'est aussi hilarant de voir L voir assez clairement dans son jeu. L est sans doute le plus intéressant des personnages, par sa marginalité flagrante. Un génie excentrique. Lui aussi obéit à ses propres règles, parfois questionnables d'ailleurs, mais sans la tendance mégalomaniaque de Light. Tout chez L est intriguant: sa position assise perpétuelle, ses rages de sucre, son absence de sommeil, sa gestuelle du bout des doigts et son manque de tact ( sans doute tributaire de son isolement social). L procède beaucoup par déduction, un peu à la manière d'Hercule Poirot et délègue volontiers le travail de terrain à ses subalternes. Finalement, Ruykku, le shinigami, est lui aussi assez intriguant avec son apparence un peu clownesque, son fétichisme sur les pommes et le fait qu'il n'est ni l'allié ni l'ennemi de Light, même s'il le suit partout. On pourrait presque dire que c'est un personnage témoin.
Ah, et Misa, la belle cruche, l'archétype de l'idiote qui tombe amoureuse de son sauveur. Une preuve flagrante que les ados amoureuses peuvent manquer cruellement de jugeote et de bons sens, mais aussi le personnage qui met en valeur la manipulation psychologique et la cruauté dont est capable Light. Un psychopathe ne peut pas aimer, ou du moins il n'aime pas comme on l'entend. C'est purement factice et conditionnel. Vraiment terrifiant.


Sans aucun doutes, ce manga sombre est passionnant. Il n'y a pas un personnage qui laisse indifférent, les graphiques sont magnifiques et le rythme excellent. En terme de niveau, "Death Note" met la barre très haute.Une chose est sure, sortez vos neurones, vous en aurez de besoin, car ce n'est pas un manga très axé sur les détails, les déductions et les manigances. Un vaste jeu entre deux forces opposés.

Shaynning
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Meilleurs Manga, Les meilleures mangas Shōnen, Les BD aux plus beaux dessins, Les meilleurs comics policiers et Les BD aux héros les plus originaux

Créée

le 27 mai 2020

Critique lue 67 fois

Shaynning

Écrit par

Critique lue 67 fois

D'autres avis sur Death Note

Death Note
Docteur_Jivago
8

L'ombre du mal

Avec "Death Note", on se retrouve devant un manga contenant quelques retournements de situations dont certains interviennent assez tôt, donc dans cette critique je me limiterais à parler surtout de...

le 5 nov. 2014

53 j'aime

6

Death Note
Erfëa
8

Quelques considérations sur Death Note...

« Une fois morts, ils ne peuvent jamais revenir à la vie ». Ainsi se termine l'histoire de Death Note. Le monde va maintenant refermer la parenthèse ouverte avec l'ère de Kira. La refermer ? Pas si...

le 24 sept. 2010

51 j'aime

12

Death Note
Tezuka
7

Comme mes casseroles : brillant mais creux.

Death Note est un manga à part dans les shônen. Beaucoup plus sombre que ses petits camarades, il n'échappe au Seinen que part l'absence quasi-totale de violence physique. La mort, omniprésente, est...

le 26 nov. 2012

50 j'aime

7

Du même critique

Un palais d'épines et de roses
Shaynning
1

Glorifier la violence sexuelle par Maas

Ce roman est CLASSÉ ADULTE, ce n'est pas un roman pour jeunes adultes, encore moins pour les ados et compte tenu de la présence de relation toxique, de violence sexuelle gratuite et d'objectivisation...

le 29 mai 2020

5 j'aime

Heartstopper
Shaynning
6

Critique de Shaynning

Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...

le 25 févr. 2023

4 j'aime