Une des très bonnes surprises de 2016. Enfin « surprise »… Cela fait quelques temps que j’aimerais parler en profondeur du Manga Taisho, un concours organisé au Japon depuis 2008, durant lequel les libraires nippons votent pour leurs nouveautés manga (moins de huit tomes reliées) favorites. Et ces bougres ont bon goût, ainsi qu’une étrange faculté pour détecter les fours commerciaux en puissance (pour le marché français). Cela n’empêche pas nos éditeurs locaux de s’y essayer, rarement avec succès. Pourtant, que ce soit parmi les vainqueurs ou les finalistes, nous trouvons généralement des titres de grande qualité, tant et si bien qu’il s’agit désormais pour moi d’un critère important pour commencer une série. J’ai rarement été déçu, et je ne l’ai pas été non plus cette fois avec Dédale, un des finalistes de 2016.
Ce manga nous raconte comment deux femmes, employées comme « chercheuses de bug » par un éditeur de jeux vidéo, se retrouvent un jour dans un mode inconnu duquel il parait impossible de sortir. Une infinité de pièces, une architecture qui défie la logique, et l’absence totale d’autres êtres humains en font un véritable dédale. Mais un dédale qui peut buguer !
Autour de cette trame, l’auteur développe une aventure en deux volumes – avec une fin que j’ai trouvé parfaitement satisfaisante, même si elle a apparemment divisé – durant laquelle nous suivons nos héroïnes parcourir leur univers, comprendre ses mécanismes, et surtout essayer de découvrir comment elles ont pu en arriver là et ce qui se cache derrière. Avec à la clé quelques révélations pas piquées des hannetons. Malgré le contexte oppressant de prime abord, Dédale se présente comme une série positive et même lumineuse, bien aidé à la fois par le trait – certes un peu passe-partout – de l’auteur, et surtout les personnalités de nos deux héroïnes. La première est une femme forte, dans tous les sens du terme (suffisamment rare pour être noté), cartésienne, qui préférerait de loin rentrer chez elle plutôt qu’errer éternellement dans ce labyrinthe. A l’opposé, la seconde prend un plaisir monstrueux (et communicatif) à jouer avec les règles de leur nouvel environnement, trouvant là un terrain de jeu idéal pour laisser libre court à sa curiosité, et surtout le plus éloigné possible de la réalité.
Dédale est la série qui m’a permis de redécouvrir Doki Doki, un éditeur dont l’image de « pro du manga sympa mais oubliable » m’a longtemps rebuté. Là, non seulement il propose une édition irréprochable, mais ils sont tomber sur une petite perle, trépidante, avec deux excellentes héroïnes.