On le savait depuis les aventures du Scorpion, le Vatican a été un nid de vipères peuplé d'individus très peu spirituels (j'utilise le passé par charité chrétienne, je ne voudrais pas employer les mêmes procédés que mon ennemi...). Et c'est, c'est très, très BDgénique, surtout entre les mains expertes de Jodorowski, grand portraitiste de névrosés devant l’Éternel. Il s'en donne ici à cœur joie et sa geste vaticane plonge les mains jusqu'au coude dans les déjections des saints ministres de Dieu sur Terre. Autant dire que c'est fameusement jubilatoire. Surtout quand c'est sous le trait remarquable de Theo, qui fait honneur au nom qu'il porte en l'occurrence, et explore les ors du Saint-Siège avec un plaisir communicatif. Aucun décor surchargé ou grandiose ne lui fait peur. Je suis admirative; et ce d'autant plus qu'au bout d'une vingtaine de pages il parvient à une sorte d'épure follement dynamique, en délaissant un peu la profusion des arrière-plans, mais sans rien céder de sa précision démoniaque. La narration y gagne en efficacité et nous propulse vers le sommet de l'ascension pleine de doubles-fonds d'un Pape machiavélique. Le travail du coloriste est à saluer aussi, si bien qu'on tient là une sorte de SainteTrinité graphique devant laquelle il ne reste qu'à se signer humblement...