Dernière station avant l'autoroute par jerome60
Le personnage principal, dont on ne connaîtra jamais le nom, est officier de policier judiciaire. Il fait les permanences de nuit. Toujours le premier sur les scènes de crime. Une prostituée flinguée à bout portant, un sénateur retrouvé raide comme un passe lacet dans une chambre d’hôtel miteuse, des squatteurs carbonisés dans un incendie… Au petit matin, il refile les enquêtes à l’équipe de jour. Juste là pour faire le sale boulot, il ne mène aucune investigation. Un loup solitaire au bord de la rupture qui ne s’est jamais remis d’une intervention sur un accident de train épouvantable. Ses collègues pensent qu’il est rincé, au bout du rouleau. Des jeunes gus aux dents longues lorgnent sur sa place et son patron ne peut pas le blairer. Le couperet tombe, il est muté dans un commissariat pourri au nord de Paris. Son nouveau chef est un ripou de première qui l’entraîne dans sa chute. Heureusement, une femme va lui maintenir la tête hors de l’eau avant qu’il ne sombre définitivement.
Dernière station avant l’autoroute est un récit noir de chez noir. Glauque, désespéré, avec une absence totale d’illusion sur le genre humain. Le quotidien du flic désabusé est retranscrit avec un réalisme glaçant. Ça sent vraiment le vécu à plein nez. Rien de nouveau sous le soleil mais peu importe. Le seul souci pour moi, c’est la conclusion, beaucoup trop optimiste et en total décalage avec le reste. Quelque part, il vaut mieux terminer sur une note d’espoir mais j’avoue que voir cet homme finir avec son flingue dans la bouche prêt à appuyer sur la gâchette m’aurait paru plus cohérent.
En tout cas niveau dessin, c’est toujours un régal. Le jeu sur les ombres et l’absence de lumière renforce l’atmosphère oppressante et crépusculaire de la nuit. Pour une fois que je trouve un intérêt à la mise en couleur !
Pour info cet album remporté le prix polar du One shot au festival de Cognac 2010.