Je n'avais pas gardé un souvenir impérissable de cet album. La couverture avec le mariage m'a même encore refroidi en le sortant pour une relecture. Et puis finalement je m'aperçois que l'album est de très bonne qualité.
La raison est que Cauvin sacrifie son couple pour un album où Chesterfield en solo subit l'intrigue. Blutch est en effet relégué au second plan pendant une bonne partie de l'album et c'est pas plus mal, car ainsi, Cauvin ne perd pas son temps en blagues répétitives sur le duo et se permet au contraire de nuancer son récit, d'y ajouter des petits élément très sympathiques. Ainsi, même si la couverture semblait indiquer qu'il y aurait du romantisme et du sadisme, Cauvin développe une chouette petite histoire certes un peu romantique, mais surtout profite de cela pour aborder des problèmes délicats durant une guerre : la motivation et le rôle des femmes.
Bon la fin reste un peu abracadabrante, mais ça reste un dénouement encore agréable, surtout que cela permet de réintégrer Blutch dans l'histoire. En fait, Cauvin devrait systématiquement privilégier l'un ou l'autre plutôt que de toujours se contenter d'une dynamique de couple.
Les dessins de Lambil sont toujours les mêmes, ça manque de fraîcheur et d'audace. Lors du découpage on se demande si le bougre n'aurait pas de sérieuses difficultés à imaginer des plans intéressants lorsqu'il y a trop de dialogues. C'est vrai que l'album est bavard, mais quand même... il y avait d'autres moyens d'illustrer ces longs moments.
Bref, si sur la forme Lambil ne m'impressionne plus trop, par manque de renouvellement, cette histoire est en revanche une belle réussite qui amène un vent frais à la saga.