Titre trompeur. J'adore jusqu'ici le titre Detective Comics. Pourtant, je reproche souvent le manque d'enquête (et ce depuis bien des années) auprès des titres Batman. Si j'avais de grandes espérances auprès du titre Batman avec l'arriver de Tom King, le scénariste ne m'a pas donné ce que j'espérais voir pour le moment.
Detective Comics était cette série que tout le monde attendait pour le retour de la numérotation symbolique. Tynion IV, une fois annoncé sur le titre, l'attente est retombée. Sa réputation étant celle d'un élève de Snyder, les lecteurs sont devenus sceptiques. En revanche, les premiers lecteurs du Nightwing New 52 ont remarqués l'arrivée de Eddy Barrows. Un dessinateur de talent. Le titre sort et néant.
Plus une remarque. Il faudra attendre les quelques premiers numéros pour enfin se faire un premier avis. Du côté des sites, c'est assez simple. ComicsBlog trouve que le titre est à jeter, Comixity est dubitatif, et DC Planet est un peu plus enthousiaste, certainement surpris de voir Tynion s'en tirer de cette manière. De mon côté, c'est à la fois cette surprise de trouver Tynion IV aussi bon à l'écriture, s'impliquant dans les relations au sein d'une famille assez vaste. Le tout sur fond d'enquête, et aux allures de blockbuster. Des allures de blockbusters dans la forme, mais une écriture efficace dans le fond, donnant des scènes percutantes, hors des cliffhangers habituels. Le premier arc livre déjà son lot de conséquences. En jouant autant sur la Bat-Family, Tynion IV met en avant Tim Drake et Batwoman. Un Tim Drake malmené depuis près de 5 ans, et une Batwoman ayant disparue du monde des comics. L'ajout de Clayface dans l'équipe est des plus étranges, mais pas dénué d'intelligence. Au fond, ce personnage n'a pas de mauvaises intentions et cherche une forme de rédemption. Presque une nouvelle philosophie pour le chevalier noir de contrer le crime en intégrant ces anciens criminels pour en faire le bien (I am Suicide sur le titre Batman ?). Malgré deux premiers numéros assez lents, où le scénariste installe ses personnages, il lance ensuite une succession d'événements incroyables. Incroyables mais qui n'ont d'impacts qu'auprès de l'univers de Gotham. Un titre qui n'est pas l'objet d'une publicité continue. Et dont chaque élément scénaristique les plus déroutants ont une explication logique.
L'event Night of Monster Men est un régale, même si assez simple. Un crossover rapide qui ne laisse pas une forme d'indigestion et de pseudo conséquences, n'ayant aucune prétention si ce n'est d'être un énorme délire commun entre les artistes inspirés. Voyez l'impact de la popularité de Attack on Titan chez les ricains. De son côté Eddy Barrows excelle par ses travaux soignés. Je ne pourrais que lui reprocher de ne pas travailler autant sa mise en page que sur Nightwing (même si la mise en page dépend également du scénariste). Nous sortons aujourd'hui de Night of Monster Men, et l'impatience de retrouver cette ambiance d'équipe soudée de caractères différents portant un même symbole se fait de plus en plus grande.
Detective Comics est le titre DC n'ayant aucune autre promesse que celle de nous faire passer un agréable moment. Un titre qui ne marquera pas l'univers mais qui a ce mérite de retourner aux sources du comics, de conserver son statut de divertissement, capable d'effacer cette vérité d'une entreprise cherchant simplement à nous vendre le plus de produits. Et ceci par de simples histoires ficelées par un type qui a du talent. Après s'être vu confié Talon, Tynion IV a tout simplement raté la fin de son run. Il a eu grâce à Detective Comics une seconde chance, et ce premier arc est la preuve que Tynion IV est un scénariste sur la pente ascendante. Il monte, il évolue, et a les moyens de créer une œuvre digne de ce nom sur le personnage de Batman. Pour le moment, le scénariste nous livre une dose d'adrénaline, des histoires surprenantes. C'est tout ce que l'on pouvait attendre du titre, et l'équipe artistique y répond parfaitement, redonnant à la Bat-Family le retour d'un esprit que l'on croyait perdu.