Le déclin de la bande dessinée

Quelle horrible BD.

Le principe de répéter une case en changeant les dialogues, ça ne date pas d'hier, et ça peut être efficace, je pense par exemple aux gags à lunettes de Midam et Clarke, n'empêche qu'il faut savoir varier les sujets et les chutes. Ici, le problème, c'est que c'est toujours la même chose, le même stratagème peu inventif. On trouve quelques idées bonnes dans ces dialogues, mais elles sont souvent secondaires, l'auteur étant obnubilé par ses chutes pourtant répétitives.

Graphiquement, les personnages sont chouettes ; on devine que le dessinateur a décalqué, pourquoi pas. Ce qui est triste, par contre, c'est de reprendre le même dessin et le coller autant de fois que nécessaire... plutôt que de redessiner plusieurs fois, en décalquant, le même dessin.

Je me faisais cette réflexion justement un peu avant de découvrir l'album, notamment parce que c'est un procédé que je trouve de plus ne plus dans les blogs BD instagram : on dessine un corps et dans la case suivante, on le reprend, au pire on plie un bras pour changer un peu l'attitude, et on modifie un peu l'expression faciale. Où est l'amour du dessin là-dedans ? Il me semble que quand on veut faire de la BD, en tant que dessinateur, on aime se faire chier un minimum à faire du dessin. Même quand c'est pour faire un truc minimaliste comme dans les bidochons tome 1. De nos jours les jeunes dessinateurs en herbe ont cette fâcheuse manie d'être paresseux à l'extrême, de ne pas se fouler. Je ne comprends pas cette démarche. Le côté répétitif d'une image qu'on recolle autant de fois que nécessaire, ça me paraît bien pour les romans photos ou même pour des films détournés, ça crée un style, ça renvoie en plus à l'effet koulechov, c'est amusant. Pareil quand Geluck (et d'autres) détourne des gravures, il arrive qu'on répète plusieurs fois la gravure car il s'agit d'un détournement. Ici, ce n'est pas un détournement, c'est un dessin, un dessin répété par son auteur même. L'effet est radicalement différent. Et il serait plus intéressant que l'auteur essaie de refaire le même dessin, on y trouverait alors des différences très minimes, certes, mais qui rendraient le tout plus vivant. Soit.

Le problème graphique est tel que, dès que le dessinateur s'applique sans décalquer, c'est assez moche, et ça ne colle pas trop avec le dessin décalqué. La typo du texte manque un peu de finesse par rapport au dessin, les bulles aussi, mais ça se lit sans trop de problème.

Bref, pas trop aimé. Et ce type de BD se multiplie de plus en plus, notamment à cause de Bastien Vivès qui a relancé ce type de gag. Merci Vivès !