Hallucinant! J’avais jamais vu un truc pareil, un ovni! Comment décrire cela? Une bédé porno-grotesque? porno-gore? Non, ce n’est pas horrifique, mais le porno dans cette démesure plus que caricaturale, construite sur une violence toujours monumentale, comment appeler ça?
On pense à Sade bien entendu, avec cette espèce d’accumulation, de progression exponentielle vers plus de violence sexuelle, tout en déviant du réalisme pur, à un tel point que cela en devient forcément comique. Je pense qu’outre l’excitation de l’interdit (et dans ce domaine, on y va franco de port avec l’inceste et l’homo/bisexualité), l’auteur a pour objectif de faire rire. Les expressions des personnages sont poussées à l'extrême, sans parler des situations de plus en plus délirantes. A la fin, on ne peut qu’en rire tellement la pornographie est omniprésente, obscène, dégoulinante d’elle même, oui, une caricature grotesque, sans la moindre crédibilité évidemment, de la pornographie clownesque, voilà l’expression qui convient le mieux. J’ai bien eu du mal à trouver quelques images à capturer ne dépassant pas les bornes érotiques décentes. C’est continu. Peu de cases de respirations, comme dans un film pornographique de 1h30 avec 5 minutes de dialogues. Non, cette comparaison n’est pas bonne, je m’en rends bien compte de suite après l’avoir écrite.
Non, la différence est là justement, dans les dialogues, eux aussi très présents et très… “sportifs”. Ils sont incroyables, toujours d’une grossièreté appuyée, telle que j’en ai rougi moi même. Dans le gargantuesque, la protubérance, l’excès, l’amoncellement de gras, de salace, on ne fait pas mieux. Ils sont tellement bien dégueulasses qu’ils finissent eux aussi bien entendu par être drôles à leur tour, ou disons par participer clairement du comique de cette bédé.
Le dessin de Kovacq est assez joli. Le relief, le trait, le modelé donnent une image veloutée, très appétissante, onctueuse avec beaucoup de rondeur.
Pour ce premier tome du diptyque Diane de Grand-Lieu, Kovacq met en scène le calvaire de cette fameuse Diane, la fille d’un aristocrate vendéen au cœur de cette tragique guerre civile qui vit des atrocités épouvantables être perpétrées entre les troupes royalistes vendéennes et les armées républicaines révolutionnaires. Le cadre et le contexte est idéal pour mettre en scène cette violence sexuelle débridée.
Etant tombé sur les fesses devant l’espèce de folie qui se dégage de cette bédé, je suis allé chercher quelques infos sur cet auteur et dessinateur Hanz Kovacq. Je suis d’abord triste d’apprendre que Bernard Duffosey (de son vrai nom) est mort récemment et n’a pas livré beaucoup d’albums. Surtout je tombe des nues encore en apprenant qu’il a œuvré dans une revue de mon enfance, celle sur laquelle j’ai appris à lire, Fripounet et qu’il a illustré des bouquins d’Enid Blython, sur Le club des 5 par exemple, qu’il a été l’illustrateur des Scouts de France. C’est encore plus marrant de découvrir que la bédé pornographique constituait donc pour lui une seconde vie, peut-être une échappatoire.
Du coup, j’ai envie de découvrir le reste, même si je suppose qu’à la longue, le risque de lassitude devant l’énormité de ces obscénités est de plus en plus grand. A lire avec modération donc.
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