Adapter le chef-d'œuvre philosophico-futuriste de Philip K. Dick en bande dessinée est un défi aussi risqué que de demander à un robot s’il préfère une vraie brebis ou une électrique. Tony Parker s’y colle, et le résultat est… mitigé. Si l’ambition est là, le rythme, lui, a préféré faire une sieste dans un enclos.
Le récit reprend fidèlement l’histoire de Rick Deckard, chasseur de primes traquant des androïdes rebelles dans un futur dystopique où les humains se disputent des animaux vivants comme des trophées de prestige. Les fans du roman seront ravis de voir certains passages retranscrits avec soin, mais voilà : à force de coller au texte original, Parker tombe dans le piège du "trop-plein". La BD devient bavarde, très bavarde. Et dans une œuvre graphique, ce n’est pas idéal quand les dialogues monopolisent l’espace au point d’éclipser les visuels.
Côté dessins, c’est correct, mais pas mémorable. Tony Parker s’applique à retranscrire l’ambiance oppressante de ce futur désenchanté, mais l’ensemble manque de souffle. Les décors futuristes manquent d’audace et les personnages, bien que fonctionnels, manquent un peu d’émotion. On sent qu’on est dans un monde dystopique, mais il manque ce petit supplément de noirceur ou d’étrangeté qui rendrait l’univers vraiment captivant.
Le rythme est le vrai talon d’Achille de cette adaptation. Si le roman de K. Dick jonglait brillamment entre introspection et tension, la BD a du mal à maintenir l’intérêt sur la durée. Les scènes d’action, rares, n’apportent pas la montée d’adrénaline attendue, et l’exploration philosophique du texte s’étire parfois jusqu’à la lassitude.
Cela dit, il y a des points positifs. Le respect du matériau d’origine est admirable, et pour ceux qui n’ont jamais lu le roman, la BD peut servir d’introduction accessible (à condition de ne pas décrocher en cours de route). Mais pour les amateurs d’ambiances visuellement marquantes, cette adaptation reste en demi-teinte.
En résumé, Do Androids Dream of Electric Sheep ? version BD est une œuvre ambitieuse mais inégale. Une adaptation correcte, mais qui manque de punch et d’audace pour vraiment rendre justice au chef-d’œuvre de K. Dick. Les androïdes rêvent peut-être de moutons électriques, mais ici, c’est le lecteur qui risque de s’endormir.