Akira Toriyama s'approprie le mythe chinois du Roi Singe Son Gokū pour créer sa nouvelle saga.
Nous sommes en 1984, son manga Dr. Slump touche à sa fin après 5 ans de délires en tous genres, Toriyama veut passer à autre chose, développer un vrai récit d'aventures avec un héros bien marqué dans le plus pûr style shōnen. C'est à dire faire évoluer son personnage principal en le mettant en confrontation avec des ennemis incarnant le mal absolu, toujours aidé par ses amis, et sans oublier la figure importante : le maître.
Il donne donc vie à Son Gokû, un gamin espiègle et sauvage d'une force naturelle extraordinaire. Foncièrement bon, candide et curieux, il part à la découverte du Monde après sa rencontre avec Bulma qui représente pour lui tout ce qu'il ne connait pas encore, le monde extérieur, la modernité, la gent féminine, bref l'inconnu avec un grand I. Il ne va pas tarder à rencontrer le mentor qui va révéler son potentiel, le fantasque Kame Senin (Tortue Géniale) et des amis à la vie à la mort.
Petit à petit, l'histoire teintée d'aventure et de fantastique prend une dimension supplémentaire, une idée simple mais géniale qui va mettre des étoiles dans les yeux de tous les amoureux d'arts martiaux. Un tournoi régulier qui accompagne la saga Dragon Ball et ponctue son ultime tome (42 au total). A chaque fois l'occasion de découvrir des personnages hauts en couleur, de se rendre compte des progrès effectués par nos héros favoris. Toriyama y montre tout son talent de dessinateur d'action, par des planches aux graphismes clairs, découpées avec génie, l'utilisation de la découpe en diagonale la superposition de cases rend l'action et la lecture précises. Un vrai régal, à tel point qu'avoir plusieurs tomes de Dragon Ball entre les mains devient un véritable piège, le lecteur les dévore sans arriver à satiété, à l'image de Son Gokû devant un festin.
Au fil des pages, Gokû grandit, rencontre des adversaires de plus en plus costauds ou vils, ce qui titille sa volonté de se dépasser lui-même.
Son évolution à l'age adulte fait prendre un nouveau tournant au manga, Gokû est à présent marié et père de famille. Ses origines sont dévoilées,et le côté fantastique du récit est rendu exacerbé grace à la venue d'une toute nouvelle sorte d'ennemis, l'épopée devient extra-terrestre, l'histoire se dégage petit à petit du roman d'aventure pour faire la par belle aux combats. L'humour passe aussi au second plan pour des histoires plus dramatiques.
Toriyama et son équipe font également évoluer leurs dessins pour livrer des planches aux graphismes bien plus carrés, abandonnant les musculatures rondouillardes pour des formes saillantes.
Toriyama souhaitait boucler Dragon Ball suite à l'évolution ultime de son héros, le guerrier légendaire qui sauverait les peuples par sa force incommensurable : le Super Saiyan.
Suite au succès phénoménal du manga et de la série animée, son éditeur lui mit la pression pour continuer son oeuvre sur plusieurs autres chapitres.
Il n'existe donc pas qu'un Super Saiyan, on apprend qu'il s'agit d'un état que peuvent atteindre tous les Saiyans, les guerriers de l'espace, congénères de Gokû.
Son Gokû de son coté devient un faire-valoir, une figure emblématique intouchable, et c'est dorénavant l'évolution de son fils Son Gohan qui intéresse le lecteur. La puissance des personnages impliqués devient presque l'unique chose à suivre, tant elle atteint des sommets inconcevables dans les premiers tomes.
Finalement la saga Dragon Ball se déroule sur plusieurs générations, et le manga aura tout autant évolué que les personnages qu'il décrit.
Une histoire increvable que les gosses, les ados et les grands enfants connaissent souvent sur le bout des doigts, un récit universel qui permet aux pères de famille d'avoir une passion commune avec leurs enfants.
Rien que pour ça, un grand Merci, Mister Toriyama !