À ceux qui disent que le porno est moche et est tout le contraire de l'érotisme, je leur réponds : Serpieri. Serpieri, à l'instar d'un Von Trier plus tard, montre que le sexe crade et dur peut-être aussi sensuel que la suggestion érotique. En effet, de cette tambouille faite de foutre, de muqueuses, de baves, de poils, de cris, de gémissement, de regards, de pénis en érection, de poitrines bombées, de tailles cambrées et de culs pavanés, émerge la beauté, un peu comme une fleur au milieu d'un champ de bataille. J'ai une grande estime pour le porno, même si je regrette que pour certains films, les conditions de travail n'étaient pas des plus humanistes ; je pense que, malgré l'aspect fantaisiste du genre, cela nous apprend beaucoup sur l'homme.
Cette suite de "Druuna X" est certainement moins pertinente par le simple fait que Serpieri est muet ; pas d'informations à offrir, juste la contemplation de dessins cachés jusque là dans un tiroir, le tout mis en page avec quelques poèmes. C'est beau. C'est même magnifique. L'auteur joue avec son personnage, explore d'autres horizons. Il propose aussi quelques autres personnages dans un univers proche de celui de Druuna. Il la met en scène aussi par pure fantaisie, comme cette séquence filmée, où l réalisateur, en voix off, dit à son actrice, notre héroïne, quoi faire de sa bouche face à l'imposant pénis.
Mais bon, j'avoue que j'espérais que l'auteur se dévoile autrement que par ses dessins, qu'il apporte un complément d'information sur son univers, sur ses références, sur ses projets futurs. C'est un peu décevant à cause de ça. Mais les dessins sont suffisamment bons pour faire oublier.
Bref, ce deuxième Druuna X est une compilation de très belles images pornographiques dessinées par le maître Serpieri.