Fournier commence à faire ses marques avec cet album.
La narration est mieux maîtrisée, même s'il reste des petits couacs (le gag sur Docteur Boumboum qui se fait rétrograder est assez maladroitement découpé) ; quelques fautes de rythme aussi car il se passe plein de choses dans cet album et tout est collé grossièrement l'un à la suite de l'autre comme s'il s'agissait de plusieurs courtes histoires mixées ensemble. Le bon point c'est que Fournier nous offre des scènes assez spectaculaires comme Franquin a pu le faire à ses débuts ; ces passages sont intéressants parce que tout d'un coup, on stoppe la narration pour se concentrer sur un court moment, un court moment qui se voit découpé en plusieurs pages. Quant à la fin, c'est assez abrupte et décevant.
Il est dommage que Fantasio ne soit plus cantonné qu'à un rôle de faire valoir. Il amène un peu d'humour et vole la vedette l'espace de quelques pages, mais il repasse vite à l'arrière plan... Même Spip est plus intéressant ! D'ailleurs là, on peut saluer l'effort de Fournier pour remplacer le Marsu par Spip.
Graphiquement, j'aime moins le style de Fournier qu'on ne sent pas à l'aise dans ce classicisme, mais ça reste de qualité. Ses cadrages sont plus lisibles que dans le précédent tome ; ses personnages principaux sont sympas. Après on pourra tiquer sur les personnages secondaires qui ont tendance à tous se ressembler. Ses décors sont assez bien foutus (n'oublions pas que Fournier fait tout tout seul).
Bref, Fournier a acquis de l'expérience et délivre une histoire mieux ficelée même s'il reste des petits défauts. Disons qu'il y a plein debonnes idées, ou plutôt qu'il y en a trop ce qui l'empêche de les approfondir.
PS : il est dommage que la disparition de la turbotraction et du marsu ne soient jamais expliquées. Un petit dialogue aurait suffi, c'est dommage.