"Miss Pas Touche" restera l'un des grands plaisirs de l'année BD, le genre de livre que l'on a envie de faire partager à tous ses amis et amies : le dessin de Kerascoët, assez proche de Sfar - sans peut-être l'élégance de ce dernier -, dévoile effrontément les corps et donne vie aux fantasmes les plus sensuels comme les plus noirs, tandis que le scénario de Hubert s'impose d'emblée comme l'un des meilleurs polars lus depuis longtemps, ni plus ni moins. On a d'ailleurs le droit de penser au fabuleux "Isaac le Pirate" de Blain, tant "Miss Pas Touche" travaille dans le même registre, miraculeux, de la double lecture, comme si le roman de genre (ici le polar) était ensemencé par sa relecture "moderne". Le tome 2 ne décevra personne : la conclusion est d'une redoutable cruauté, mais également d'une grande "honnêteté" par rapport au sujet - sans craindre d'enfreindre les codes habituels de la BD, puisque l'on verra notre héroïne trucider, couteau de boucher à la main, ses ennemis ! Il ne nous reste plus qu'à attendre une inévitable adaptation au cinéma, à nous demander comment Kerascoët et Hubert pourront donner suite à un tel diptyque, et à rêver longtemps des corps dénudés, lascifs, voire entravés entrevus au Pompadour...
[Critique écrite en 2007]