Une oeuvre n'a pas besoin d'être original pour nous marquer. Une oeuvre n'a pas besoin d'être original pour qu'on la considère comme un chef-d'oeuvre. Duty after School n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre, en tout cas je doute que tout le monde le considère ainsi, mais c'est une bande dessinée qui vaut la peine de s'y intéresser.
Ce n'est pas le coup d'essai de l'auteur, Ilkwon Ha avait déjà fait ses preuves dans le domaine du webcomic avec Annarasumanara, une petite perle pleine de bienveillances et de justesses dans ses propos. Tout comme l'est God of Bath, une comédie remplie de symbolisme et de toujours la même candeur à parler d'une jeunesse perdue. Et quoi de mieux pour parler de son thème de prédilection qu'une guerre que personne n'a voulu. Des armes mortelles à l'origine et aux motivations inconnus qui menacent, immobiles et colorées, la vie tranquille de chacun. Enrôlés de force, ils survivent alors qu'ils voulaient simplement vivre.
L'originalité n'y est pas mais le coeur y est. Accompagné de la touche graphique de Ilwon Ha, l'atmosphère est sublimée. Des personnages tellement blanc qu'ils se fondraient dans le décor et des couleurs désaturées qui permettent de faire ressortir le seul élément flashy : la menace. Ces sphères sont en décalage total avec leur environnement, elles paraissent irréelles car c'est ainsi que les élèves les vois. La situation est si absurde que personne n'arrive jamais à y croire voir même à s'y habituer.
Ils sont trop jeunes pour arriver à prendre la situation au sérieux, car s'ils le faisaient cela voudrait dire faire une croix sur leur ancienne vie et l'espoir de la retrouver. Même quand leurs camarades meurent, ils s'étonnent eux-même de leur capacité à les oublier. Bien que les circonstances ont solidifié leurs liens, il suffit d'une erreur, une inattention, une folie, et ils se retrouvent aussi friables d'une mine de critérium. Les amours ne fleurissent pas en guerre, ils s'étouffent.
Mais Duty after School n'est pas sans défauts. Son principal problème étant son grand nombre de personnages. Trente-cinq élèves, un professeur et un chef de régiment. Ils évidemment impossibles de se souvenir de tout le monde, ce qui a deux effets, il y a une sorte de sentiments partagés entre le lecteur et ceux qui sont toujours en vie "quelqu'un est mort mais je n'arrive pas à me résoudre à ressentir quelque chose", mais d'autres se diront juste que c'est dommage de ne pas avoir eu le temps de s'y attacher avant. Même si je pense que ces morts rapprochent le lecteur des vivants, ce n'est que mon point de vue.
Il faut lire Duty after School en entier, car c'est dans ses derniers chapitres que se concentrent toutes les émotions. Une fin qui est bouleversante car elle retourne à la case départ laissant des séquelles irréparables. Toutes les rancoeurs, tous les rires, tous les amours, toutes les pertes sont rappelés, car après ça, ces jeunes, après ce long apprentissage que fut cette guerre, devront se résoudre à être adulte.
Une oeuvre belle et sincère, lisez Duty after School.