Vivès aime les gros seins. J'aime bien aussi. Si je me souviens bien, il a rencontré Hitomi Tanaka, une actrice porno avec d'énormes seins, et a fait des séances photos avec, à l'instar d'un Crumb il y a quelques années avec différentes playmates sur lesquelles il s'accrochait, comme dans ses BDs.
"Elle(s)" ne réserve aucune surprise par rapport à ce que j'ai pu lire de l'auteur. Tant mieux pour lui, ça veut dire qu'il a son style et en plus il sait que ça fonctionne. Pour moi c'est toujours insuffisant.
Le graphisme me plaît toujours autant chez lui. J'aime son trait, le dynamisme qu'il instaure avec quelques lignes parfois encore tremblantes. C'est certainement le genre de dessinateur qui dessine vite, dans l'urgence. Et ça marche. Il parvient constamment à toucher à l'essentiel du sujet. Même ses décors, plus brouillon fonctionne bien. Et puis sa mise en couleurs, toujours complémentaire à son style graphique. Les personnages sont toujours très vivants, très expressifs. IL reste queques petits détails où l'on sent bien que c'est fait de tête plus que par documentation, mais ça ne choque jamais vraiment.
C'est du côté de l'histoire que je suis déçu. Parce qu'il n'y a pas d'histoire. Une négation de l'histoire. Je ne sais pas. À chaque fois, l'auteur aborde des sujets intéressants, mais ne va jamais au fond de ceux-ci. Alors qu'en dessin il aime approfondir le mouvement, l'analyser, au niveau de la narration, il se contente de rester en superficie. Dès qu'on commence à pénétrer une idée, il stoppe. Résultat des courses, il ne se passe rien. Il y a quelques confrontations, mais elles sont bien trop rares. Les personnages ne s'affirment que trop peu, leur caractérisation paraît donc sous-exploitée. Je pensais que les nanas allaient avoir les meilleurs rôles, mais en fait non, le bougre nous ramène un mec qui prend de plus en plus d'importance tandis que les deux héroïnes seront de moins en moins intéressantes, perdant peu à peu ce qui les rendait vivantes. En soi, ça ne me dérange pas qu'un mec écrive mieux des personnages masculins, c'est même un peu 'normal' on va dire, tandis que les femme sont plus douées pour écrire des personnages féminins (on écrit sur ce qu'on connaît). Mais là, c'est comme si l'auteur avait essayé de faire quelque chose de féminin mais qu'au final, il n'avait pas pu, qu'il avait échoué et s'était donc rabattu sur le mec par défaut.
Un autre détail qui m'embête avec Vivès, c'est qu'il sombre constamment dans le romantisme adolescent. Même quand l'intrigue et les personnages ont l'air portés sur un ton plus réaliste (entendez par là moins glamour, moins romantique), tôt ou tard, l'auteur y retombe... mais sans tout ce qui fait le sel du romantisme. Du coup on se retrouve avec un truc fade ou inachevé. C'est systématique chez lui.
Bref, "Elle(s)" reste intéressant pour son graphisme et quelques idées narratives intéressantes, mais déçoit sur la longueur par son manque d'approfondissement. Dommage.