On m'a offert l'intégrale (4 tomes) à Noël, quelle bonne idée ! Même si l'histoire de l'Alsace-Lorraine n'est pas ma spécialité (j'ai quand même lu avec plaisir le Voyage de Marcel Grob il y a quelques années), j'ai plongé tête baissée dans les aventures d'un autre brave gars emporté par l'Histoire. Un type dont le frère est mort sous uniforme français peu auparavant et qui va se battre sous uniforme allemand contre son gré, comme le titre l'indique. Franchement, ça n'est pas une histoire recommandée en période de fascisation galopante de son pays - ou si, mais pour ceux qui douteraient encore de ce qui se passe, histoire qu'ils ne jouent pas les surpris quand la machine à broyer les gens se remettra en marche - parce que ça ne contribuera aucunement à apaiser les esprits inquiets. Bref, une fois les minables au pouvoir, tous les aspirants minables d'un pays s'unissent pour consciencieusement écraser la tronche de tous les autres, on connaît la rengaine. Mais s'il ne s'agissait que d'ouvrir la boîte de Pandore de la petite revanche personnelle, encore. Évidemment qu'une fois ouverte, elle laisse le passage à tous les démons de l'Enfer, pires que ceux des Chroniques de la Lune Noire, parce qu'ils ont figure humaine. Bref, il me suffira de dire que diverses sortes de dépit mal digérés, voire encouragés par des inconscients, finiront pas envoyer des innocents sur le front russe et que le scénario redouble de sadisme en accumulant sur les épaules du héros les tuiles de natures diverses. Je suis sortie de là épuisée, furieuse que les justes soient souvent si minoritaires, que l'histoire nous serve si peu de garde-fou et prête à hurler sur le prochain décomplexé qui vient me postillonner ses inepties au nez. Heureusement, il y avait aussi le dessin délicat et les couleurs harmonieuses, ça m'a sauvé de la camisole. Bref, une œuvre, encore une, d'utilité publique qui ne parviendra pas à désincarcérer les cœurs endurcis mais dont je salue la belle tentative.