Enemies of Earth - Stormwatch (2011), Vol. 2 par Freytaw
Après quelques « petits » déboires, comme la trahison de l’un de leur membre, l’enlèvement d’un autre, et le remplacement violent de leur chef orchestré par les Seigneurs de l’Ombre, l’équipe n’a pas eu le choix. Il a fallu qu’elle retrouve ses marques. Rien de mieux que de nouvelles menaces pour maintenir cette fraîche cohésion. Ainsi, Angela l’Ingénieur, Jenny Q, l’enfant du XXIème siècle, J’onn J’onnz le Martian Manhunter (et ne comptez pas sur moi pour l’appeler le Limier Martien ou je ne sais pas quelle bêtise), Appolo et Mightnighter, les Superman et Batman du coté obscur et Jack Hawksmoore, le roi des villes, vont devoir affronter les Gravity Miners. Un genre de parasite provenant d’une dimension parallèle capable de broyer et dévorer des univers entiers. Ouais, ça ne rigole pas !
Après un premier tome poussif et difficile à saisir écrit par Paul Cornell, je partais avec un mauvais à priori et la peur de ne rien y comprendre, une fois de plus. Et je me suis bien trompé. Déjà, c’est Peter Milligan (Red Lanterns) au scénario et Paul Jenkins pour le premier arc du tome. Ce n’est pas forcément de bonne augure diront certains mais laissez moi poursuivre ! Histoire de nous faire oublier cette longue intrigue sans vraiment de sens du tome précédent (sans pour autant tout jeter par la fenêtre), ils ont eu l’idée ingénieuse de revoir les ambitions et la prétention de la série à la baisse. Vive la modestie et les arcs en deux numéros ! Ainsi, Peter Milligan, en plus de nous prendre à contre-pied lui-même sur le titre Stormwatch, nous colle une seconde gifle en nous montrant qu’il est aussi capable de faire des histoires courtes et bien rythmées. Contrairement à ce que l’on peut aisément reprocher au titre Red Lanterns justement. Les histoires sont simples, accessibles, intéressantes dans la majorité des cas (si ce n’est tous) et servent à bien développer les personnages. On sent d’ailleurs l’effort des auteurs qui visent à ne pas en faire trop à la fois, mettant en avant un ou deux personnages, tout au plus, par arc.
Et des arcs, nous en avons quelques uns. Le premier (numéros #7 et #8) propose une menace dangereuse et expédiée via un système D assez « juste » de la part de l’équipe. Ce qui permet réellement de donner une identité au groupe, ainsi qu’une raison d’être beaucoup plus appuyée et claire qu’elle ne l’était auparavant: une équipe d’intervention anti-alien qui doit se démener rapidement pour contrecarrer et étouffer les menaces au plus vite, avant que cela ne dégénère (et accessoirement, avant que quelqu’un ne les remarque; c’est un peu comme une équipe de dératiseurs dans un grand restaurant si vous voulez, à une autre échelle…). On en apprend plus sur les impressionnants pouvoirs de Jenny Q, la gamine de 12 ans qui en a à revendre. Surtout qu’elle a le Martien comme prof, bien que ce dernier soit d’une sacrée impatience ! Tout comme les côtés sombres de Midnighter nous sont révélés. On plane aussi un peu plus dans le plan des « cités » qu’utilise Jack Hawksmoore avec son pouvoir, le concept est réutilisé et vraiment bien exploité. L’intérim de Paul Jenkins, bien que de courte durée, casse vraiment avec cette impression de planer au dessus des personnages que dégageait le premier tome pour vraiment nous rapprocher et nous impliquer au plus près de ceux-ci. A Peter Milligan de poursuivre ensuite dans cette voie. Alors oui, le cast s’est vu diminué par rapport à l’épisode précédent, ça doit rendre la tâche plus facile. Mais le résultat est vraiment chouette.
La suite n’a pas à rougir (numéro #9 et le Red Lanterns #10 qui s’invite pour l’occase). Ce tome entame son deuxième arc avec un crossover avec la série Red Lanterns, en deux parties seulement. Je craignais vraiment le pire. Et même si le prétexte n’est ici pas réellement justifié, Milligan joue vraiment bien avec son intrigue et arrive à mêler les deux univers sans se forcer. Les personnages gagnent en intérêt, et la leader du groupe, l’Ingénieur, brille ici et justifie vraiment sa position. Cette Angie a vraiment la classe et s’exprime enfin avec tout son potentiel. Sincèrement, je me demandais encore jusqu’à ce moment précis à quoi servait le personnage ! Ce crossover a certainement été imposé à Milligan, d’autant plus qu’il écrit les deux séries. Mais pour le coup, côté Stormwatch, il s’en sort relativement bien. Et cela lui permet vraiment de développer la cohésion du groupe ainsi que ces personnages. Pour Red Lanterns, à part un traitement juste d’Atrocitus, l’intrigue stagne vraiment et ce crossover reste parfaitement inutile. Ce qui ne fait que ralentir un peu plus cette série. Sans compter que Skallox, autre Red Lantern présent dans l’arc, passe injustement à la trappe et on n’apprend rien sur lui. Dommage.
L’arc suivant (#10 et #11) puise son intrigue dans le passé de Stormwatch. Encore une fois, sans trop en faire. Et les personnages sur lesquels on se concentre sont plus Apollo et Midnighter dont la relation est mieux expliquée et commence à prendre réellement forme. Même si j’ai encore un peu de mal à « croire » à cet idylle. Comme si les auteurs étaient timides et n’osaient pas trop la montrer. Sans doute de peur de trop en faire. Je ne sais pas. Malgré tout c’est plus convainquant et moins « sorti de l’espace » que dans le tome précédent (j’ai répété souvent ça non ?).
Le tome se termine enfin sur une histoire d’un chapitre (#12) qui revient sur le Martian Manhunter. Episode relativement étonnant pour ceux qui ne suivent pas trop ce qui se passe en ce moment avec le personnage. Pour autant, un épisode percutant et bien orchestré, une fois de plus, par Milligan. Même si là aussi, c’est clairement un épisode de commande. Pas grave, il se permet de mettre en place des idées pour plus tard et utilise aussi ce prétexte pour développer un peu plus ses intrigues secondaires (distiller tout au long des autres chapitres). Ainsi, par intermittence, il n’hésite pas à revenir rapidement sur les évènements et les bonnes idées du premier tome, sans les surexploiter, pour nous laisser entrevoir que des évènements énormes se préparent (du moins, on l’espère). Cela concerne directement la trahison de Harry Tanner (membre de Stormwatch dans le premier tome donc) ainsi que les Seigneurs de l’Ombre mystérieux qui prennent les grandes décisions pour l’organisation dans heu… bin… dans l’ombre quoi… Vous espériez quoi ? Le cliffhanger final laisse d’ailleurs pantois et nous presse de découvrir la suite (déjà disponible dans les meilleures crémeries en single !).
Pour le dessins, Miguel Sepulveda n’est plus le principal artiste sur le titre. Il revient pour le crossover avec Red Lanterns, et c’est assez maginifique je dois dire. Mais il est hélas remplacé en majorité par Ignacio Calero sur le reste du tome. Et même si ce dernier nous pond de beaux traits, je trouve tout de même qu’on y perd au change et qu’il souffre un peu de la comparaison avec son prédécesseur qui apportait vraiment une identité visuelle forte au titre. Plus forte qu’ici en tout cas. De plus, le monsieur est assisté par une quantité indénombrable d’encreurs ce qui donne une certaine inégalité à l’ensemble. Dommage.
Un second tome surprenant, dans le bon sens, là où je m’attendais à de simple banalités. Une ambition revue à la baisse pour un ton plus juste et plus clair. Des personnages auxquels on peut ENFIN s’attacher et des intrigues sympathiques qui sèment des idées qui sur le long terme, risquent d’être renversantes. Peter Milligan ne tient le titre que jusqu’au numéro #18, j’espère donc que cela ne va pas s’essouffler et qu’il aura le temps de faire ce qu’il veut avec ça. Ceux qui lisent les singles ont déjà la réponse, les bougres ! Vivement le troisième tome pour les autres !