Je ne m'attendais pas à ça en prenant ce manga. Je croyais avoir une histoire étendue à tout le tome, il s'agit en réalité d'une suite de quinze histoires courtes.
On a un art typique de l'époque de Tezuka, mais Ishinomori a une personnalité distincte de Tezuka. Il est plus discret dans son discours, moins exhibitionniste, et ce n'est pas fait pour déplaire, car, précisément, non seulement nous avons affaire à des récits érotiques avec des interrogations d'adultes sur la sexualité, mais nous avons aussi beaucoup de jeux sur le trouble des perceptions, la folie, sur le fantastique. Il y a une histoire inspirée de Total recall. Les récits sont étonnants et on accroche bien aux personnages. Plusieurs récits se finissent de manière déconcertante, la quasi-totalité avec une chute comique parfaitement lisible, à peine deux résolument étranges, mais sans que ça ne fasse gratuit et absurde. Tout ça vient naturellement et surtout les réflexions que veut soulever l'auteur marchent bien sur le lecteur. C'est cette efficacité de communication qui m'a frappé en même temps qu'il y a une imagination retorse puisque le réalisme prend mal.
Je ne maîtrise pas encore bien, ma lecture étant toute fraîche, mais mon sentiment est que c'était maîtrisé, agréable et subtil à la fois. C'est du manga artistique dans une esthétique d'époque pourtant passe-partout ou grand public.