Comment faire un monde sans une terre solide ?

J'ai vraiment été envoûté par cet univers pour deux raisons :

- Narrativement, j'ai bien senti l'errance, il y a un peu d'absurde : des raccourcis, un fauteuil ascenseur sans que se soit invasif et que je le conscientise (ce qui m'aurait sorti de l'ambiance). La succession de personnage étranges participe à cette ambiance hors du temps, où rien ne compte si ce n'est l'émotion esthétique. Après je me moque bien de ce Erstein, sa relation avec son chien et l'histoire de la randonnée m'indiffèrent complétement, je l'ai juste vu comme une projection de moi dans l'histoire, un intermédiaire rapporteur des événement de la BD.

Le fait qu'il n'y ai pas d'intrigue rend la lecture gratuite, il n'y a pas de fond.

- Evidemment ce qui ressort le plus c'est l'aspect formel. Initialement je suis loin d'être fan de Dali, Magritte ou Varo, de Chirico un peu plus mais de manière générale la peinture est un art qui m'ennuie. C'est certainement par manque de culture mais l'immobilité ne m'émet pas, je peux trouver l'impressionnisme particulièrement joli, agréable mais certainement pas émouvant. Je me disais alors que je m'intéresserait jamais à cet art véritablement (pour d'autres raisons également), il faut bien faire des choix dans la vie.

Me voilà quand même touché par la picturalité pure d'une double page du chapitre 4 (dommage que dans une qui suit il y ai une bulle de dialogue). En fait je n'ai pas vraiment lu comme une BD à combler les ellipses entre deux cases par l'imaginaire mais comme une suite de plans statiques. Je n'ai donc peut-être pas apprécié pour des "bdesque" mais qu'importe, l'esthétique générale parle à mon inconscient (par exemple le film "prince et princesse ou des histoires que j'ai moi-même imaginer) et plaque les émotions de lui même.

Ce qui est très facile d'ailleurs vu que les personnages n'ont pas de visage (à ce sujet je trouve le design du patron très réussit, s'il avait eu 4 ou 2 "yeux" il aurait l'air menaçant). L'originalité du style rend chaque case relativement nouvelle et renouvelle l'effort à faire pour se projeter dans l'histoire tout en devenant une forme d'habitude au fil de la lecture, ce qui maintient dans l'univers.

Petit détail étonnant, Erstein à l'air d'avoir toujours la bouche ouverte, ce qui le rend paradoxalement "actif" dans chaque case, brisant partiellement l'idée picturale que j'ai évoqué précédemment. Je sais pas trop quoi en faire c'est juste une remarque.

Bref j'ai surement pas compris grand chose, le seul reproche serait que la fin est un peu abrupte, je m'attendais pas à une case sans personnage pour finir donc ça m'a sorti un peu violement de l'univers.