La pupille Navïs nous tape dans l’œil !

Sillage est une excellente série dont la haute qualité ne se dément pas. Les auteurs on tenté déjà deux séries parallèles :
-"Navïs" lorsqu'elle est encore enfant, ensemble de sympathiques récits mais destinés à un public plus jeune ;
-"Les Chroniques de Sillages", histoires connexes de facture inégale, tant la nature des dessins tient aux styles chamarrés des auteurs retenus pour œuvrer. Autant dire que le dessin n'atteint jamais le niveau du talent exceptionnel de Philippe Buchet.

Et puis, bien des années plus tard, un peu à la façon de "Yiu, premières missions", voici le premier opus de "Sillage, premières armes", le même concept mais en moins trash.
Le pari était osé car les créateurs de la série ont décidé de confier le dessin à un auteur que je ne connaissais pas, Pierre-Mony Chan. Le garçon porte sur ses épaules une bonne pression.

Autant dire que le défi est relevé de la plus belle façon qui soit. Le gaillard possède en effet un style graphique qui m'a tapé dans l’œil de la plus éloquente des façons, sa maîtrise du trait. Je dois confesser, quelque peu penaud au vénérable Buchet, que je suis à la limite de préférer le style de ce nouvel illustrateur. C'est punchy, super net, d'une impeccable lisibilité. La classe, quoi ! La mise en couleurs n'est pas en reste et c'est vraiment la grosse maîtrise qui donne un rendu génial. On en prend plein les mirettes à suivre les premières armes de cette prometteuse pupille.

Du côté du scénario, c'est de la meilleure eau que nous sert à boire JD Morvan. Propos d'actualité, son référendum sur l'indépendance de la planète reflète des positionnements conservateurs ou progressistes qui sont régulièrement évoqués à propos de l'Union Européenne. Cette référence à l'actualité politique est un trait que j'affectionne particulièrement chez ce scénariste. Cela donne une toute autre dimension à un scénario d'enlèvement et de manipulation. Des hommes politiques marionnettes, aucun lien avec de l'existant bien sûr ! J'ai adoré la partie dédiée aux arguments et contre arguments des deux parties vis-à-vis de Sillage.
Tout cela est fort bien trouvé et c'est un régal de constater que la petite peste reste égale à elle-même : irrévérencieuse, bagarreuse et pleine de bons sentiments.

Un coup d'essai qui s'avère être un coup de maître. J'ai hâte de découvrir la suite des premières armes de cette jeune major de promotion.