Quand je l'ai lu la première fois, je l'ai lu comme un genre de film, avec une voix off semblable à celle de Godard dans "Je vous salue Sarajevo", les cases étaient des comme des extraits d'images d'archives. Le dessin (je n'ai pas d'adjectif pour le qualifié) permet cela, il met une distance avec le témoignage, il se concentre sur l'idée véhiculé, donne une forme d'universalisme dans l'histoire qu'on nous compte alors que c'est évidemment très personnel.
Sur le fond, c'est un brillant témoignage de la façon dont se construit et se vit le sexisme sans ouin ouin. Même si il y a un amalgame entre les facteurs sociaux (prépondérants) et génétique. Ils sont mis au même niveau alors qu'ils n'ont pas le même impact en réalité. Ce choix peut néanmoins se comprendre car pour l'autrice, ils sont vécus de la même façon (je parle de la force supérieure des garçons). Ce n'est pas un documentaire, il ne faut pas y avoir un outil de propagande accablant les hommes, juste la vie d'une femme. En ce sens, le livre aborde de nombreux aspects très rapidement sans juste en faire une énonciation de faits plus ou moins connus de tous. L'émotion y est toujours présente et permet de ressentir (un peu) ce que ça fait plutôt (toujours grâce au style de dessin) que de juste décrire.
Etant dans une phase d'admission du poids du sexisme actuellement, c'est ce genre d'oeuvre qui peut faire basculer les conscience après une sensibilisation préalable.
Ce genre de réussite est particulièrement remarquable tant il est facile de rentrer dans une pleurnicherie ou d'omettre de voir la Femme comme un être également façonnée par ses désirs, qui la conduisent à être partiellement responsable de sa situation.