Une rapide critique pour une série qui démarre très bien, avec un mélange détonnant entre super-héros et politique, avec un maire de New York doté de super-pouvoirs. Les 2 premiers tomes sont ainsi des plus agréables, rythmés par des aller-retour temporels constants entre la période des débuts de notre protagoniste principal en tant que super-héros (un peu avant la catastrophe du 11/09/01) et son mandat de maire, quelques années plus tard, alors qu'il a "déchaussé les crampons" pour se consacrer à sa carrière politique. L'humour souvent grinçant fait également mouche et le comics n'hésite pas à aborder de nombreux sujets de société (avec un ton plus américain tu meurs dans le traitement par contre).
Mais malheureusement, dans les tomes suivants (3 et 4) le série tend à sérieusement à s'enliser dans son postulat de départ, semblant incapable de véritablement faire progresser son récit, tel un Dr House sur la fin, feignant d'ignorer qu'en refusant de faire évoluer sa recette, ses lecteurs sont condamnés à tomber peu à peu dans l'ennui. Ainsi, la série maintient beaucoup trop longtemps ses flashbacks d'exploration du passif super-héroïque de notre maire. De dynamiques, ceux-ci deviennent finalement lourds et on se surprend vers la fin à pousser un soupir de désolation lorsque le scénariste y recourt encore et encore. De même, l'empilement de "thèmes" ouverts à débat aux États-Unis (la place des minorités, l'avortement, etc.) finit à la fin par faire vraiment catalogue. On se dit finalement que le comics n'avait pas grand chose à raconter et souhaitait dès le début se contenter d'une série "tranches de vie à la mairie de New York".
Le tome 5 est donc des plus frustrants lorsqu'on découvre que le scénariste avait bien une idée plus globale derrière la tête
avec son histoire de multiples dimensions à la Sliders, avec des envahisseurs créant des émissaires dans chaque monde pour préparer leur invasion.
Malheureusement, l'auteur n'aura pas été en mesure de dérouler correctement cette trame car, sans doute sur la pression de ses éditeurs, le tome 5 semble extrêmement rushé, les auteurs nous déballant toute leur histoire et ses implications à une vitesse folle alors qu'ils auraient dû davantage préparer le terrain depuis longtemps...
Bref, un certain sentiment de gâchis gagne le lecteur à la fin de sa lecture. Je ne suis donc pas encore vraiment convaincu par les travaux du scénariste, Brian K. Vaughan, dont le plus récent Private Eye m'avait déjà déçu pour des raisons similaires, par son incapacité à déployer et développer de façon convaincante un excellent point de départ. Je me pencherai tout de même sur Saga, du même auteur, dont on dit le plus grand bien.