L'homme qui murmurait à l'oreille des percolateurs
Comme tout amateur de comics de super-héros qui a dépassé les 16 ans, je pense, je me plais à rêver à une approche plus réaliste ou plus contemporaine des slips masqués que celles que l'on trouve habituellement chez DC ou Marvel. Je sais que ça existe, et Ex-Machina était exactement ce que je cherchais.
Ex-Machina, c'est donc l'histoire de Mitchell Hundred, ingénieur civil employé par la ville de New York qui est tombé sur une mystérieuse machine qui lui a explosé à la figure... le dotant de la capacité de commander les machines par "télépathie". Et comme c'est un mec qui a toujours voulu faire le bien autour de lui, il revêt un costume, se fait appeler la Grande Machine et, assisté des deux personnes qui connaissent son identité secrète, Kremlin, l'homme qui l'a pratiquement élevé, et Bradbury, un mec genre sidekick aux gros bras et blagues vaseuses, il s'efforce de venir en aide aux habitants de la Big Apple. Sauf qu'il fait presque plus de mal que de bien, aussi décide-t-il de ranger son costume et de se présenter à la mairie de la ville, espérant profiter de son démasquage pour bénéficier d'un capital popularité suffisant et offrir aux citoyens un mandat indépendant de toute couleur politique. Mais on est en 2001, et la catastrophe que l'on sait arrive alors... La Grande Machine s'illustre par son héroïsme ce jour-là, et Hundred est élu... Mais diriger une ville est-il aussi facile que de la sillonner en jet pack ?
Ex-Machina fonctionne très bien. Concrètement, on vit le mandat de Hundred à travers les événements qui s'y déroulent, qu'il s'agisse de scandales, de réformes ou d'intrigues politiques diverses et variées. Le récit est émaillé de flashbacks plutôt bien amenés qui nous éclairent sur les événements qui précèdent l'élection de notre bonhomme, et on se prend vraiment d'affection pour lui et ce qu'il essaie d'accomplir. Les différents protagonistes sont bien dépeints, l'alchimie entre eux est perceptible, et d'ailleurs les dialogues sont généralement à la fois dynamiques et bien tournés. Les auteurs ont d'ailleurs disséminés de nombreuses anecdotes plutôt intéressantes sur la politique américaine à travers les explications de Hundred et de ses collaborateurs. Le pouvoir de Hundred est vraiment amusant et assez peu exploité ailleurs, pourtant il est vraiment pertinent dans le cadre de l'histoire racontée.Si on a donc notre lot d'intrigues, le côté super-héroïque de l'affaire n'est pas pour autant délaissé, de nombreux événements inexpliqués ont lieu à New York, auxquels Hundred semble ne pas être tout à fait étranger...
Visuellement, Ex-Machina est également une réussite. Le style "roman photo" du dessin est parfois un peu déstabilisant, mais c'est beau, et les couleurs sont superbes.
Bref, voilà une bien belle découverte. L'on peut toutefois déplorer de rares soucis de rythme et une fin un peu abrupte du volume, la faute au format de diffusion de Urban Comics... Mais bon, déjà en soi bénéficier d'une édition française de bonne qualité est vraiment plaisant, ne chicanons pas.