Excalibur est une équipe – et par la même occasion une série – imaginée par Chris Claremont et Alan Davis en 1987. Deux noms qui n'ont rien d'innocent. En effet, Chris Claremont reste encore aujourd'hui un des scénaristes les plus importants ayant travaillé sur les X-Men, auteur de plusieurs sagas cultes à commencer par celle du Dark Phoenix, et créateur de nombreux personnages de légende. Alan Davis, pour sa part, a notamment travaillé sur les plus belles heures de Captain Britain aux côtés de l'excellent Alan Moore.
Point très important : ils sont tous deux anglais.

Un peu d'histoire pour comprendre les origines de Excalibur. Lors d'un combat contre les Maraudeurs, Kitty « Shadowcat » Pryde et Kurt « Nightcrawler » Wagner sont grièvement blessés ; pris en charge par leur amie, la généticienne Moira mc Taggert, ils partent en convalescence sur Muir Island. Ces événements se produisent peu de temps avant la saga Fall of the Mutants, durant laquelle le monde assiste impuissant à la mort de 9 membres majeurs des X-Men.
Shadowcat et Nightcrawler acceptent très mal la disparition de leurs amis. Ils ne sont pas les seuls, puisque parmi les victimes se trouve Betsy Braddock, alias Psylocke, mutante anglaise et petite sœur du héros national Captain Britain ; une situation qui affecte aussi Meggan, sa fiancée.
Mais le temps du deuil sera écourté par une nouvelle menace : Shadowcat, Nightcrawler, Captain Britain, et Meggan doivent s'allier dans un combat qui verra revenir Rachel Summers. Ensemble, ils décident de former Excalibur, équipe de héros basée en Angleterre, en hommage à leurs proches disparus.

De la même façon que le Captain Britain de Alan Moore et Alan Davis, Excalibur peut être perçu comme une volonté de séduire le lectorat anglais. C'est réducteur.
Dans Planetary, Warren Ellis décrit l'Angleterre des années 80 comme un monde fou dirigé par une folle, et nous explique que cette ambiance avait donné naissance à des créatures et des histoires inimaginables aujourd'hui. C'est vrai pour Hellblazer, mais c'est aussi très vrai pour Excalibur, dans des proportions qui semblent difficilement concevables pour une série Marvel liée aux X-Men. Pour l'instant, je n'ai lu que des histoires parues à la fin des années 80 (au total la première série a duré 10 ans), et je pense m'arrêter après le numéro 34, le dernier écrit par Chris Claremont avant son départ du titre. Et croyez-moi, c'est assez surréaliste.

J'ignore si les auteurs se sont lâché car l'histoire se déroule en Angleterre, ou si la dimension « mythes et légendes » que ne possèdent pas forcément les USA leur donne des ailes, mais j'ai rapidement eu l'impression que Chris Claremont et Alan Davis se permettaient énormément de choses sur Excalibur, au point qu'il fallait vraiment s'attendre à tout.
Scénarios farfelues (mais toujours bien écrits), version extra-dimensionnelle nazi des personnages (même Shadowcat y passe malgré ses origines religieuses), combat contre des créatures sorties de Alice au Pays des Merveilles (héritées du phénoménale Jasper's Warp de Alan Moore), attaque de tartes à la crème parlantes et de camions anthropomorphes, c'est un régal.

Beaucoup plus étonnant, nous pouvons noter une véritable érotisation des personnages, et deux artistes qui n'hésitent pas à mettre en scène différents fétiches, souvent de manière totalement gratuite, juste pour le délire. Shadowcat, 15/16 ans aux moments des faits, se pose en victime principale de ses auteurs, vêtue successivement des tenues les plus improbables – les costumes futuristes et révélateurs de Rachel, un uniforme de cheerleader, et même une couche-culotte – quand elle ne finit pas tout simplement dénudée devant une assemblée galactique composée d'animaux.
De la part d'un titre Marvel Comics, cela parait pourtant inconcevable.

Malgré ses personnages classiques et son univers lui-aussi classique – nous nous trouvons dans la même continuité que le gros de l'univers Marvel – nous avons affaire à un comics beaucoup plus insaisissable, fantaisiste, en un mot irréel. Un comics dans lequel il faut s'attendre à tout, et où les auteurs donnent vraiment l'impression de se lâcher et de se faire plaisir. Un plaisir communicatif, à condition d'apprécier la magie, les délires de tout poil, et les héroïnes en petite tenue.
La série avait été publiée en France dans feu le magazine Titans – aux côtés notamment des West Coast Avengers – mais si vous êtes curieux, je vous conseille plutôt de regarder du côté de la VO, où les éditions intégrales se trouvent sans trop de problème. Vous découvrirez une lecture surprenante et divertissante.
Ninesisters
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes [Les Incontournables] Comics tordus pour lecteurs cinglés, [Les Incontournables] Marvel Comics et [Les Incontournables] Les comics classés X

Créée

le 15 mai 2012

Critique lue 696 fois

8 j'aime

5 commentaires

Ninesisters

Écrit par

Critique lue 696 fois

8
5

D'autres avis sur Excalibur (1988 - 1998)

Excalibur (1988 - 1998)
Alkendo
10

BAMF !

Lorsqu’il lui est demandé de reprendre la série Uncanny X-Men, alors en tête des ventes, le dessinateur anglais Alan Davis décline poliment l’offre, le rythme mensuel de production le rebutant sans...

le 20 août 2013

4 j'aime

2

Du même critique

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Ninesisters
10

La prochaine fois, j'enlève le bas !

Si je suis légèrement moins emballé que pour les deux premiers opus, je trouve quand même qu’il s’agit pour l’instant du meilleur de la saga. Paradoxe ? Incohérence ? Disons que mon impression est à...

le 30 avr. 2013

43 j'aime

Hellsing Ultimate
Ninesisters
9

Critique de Hellsing Ultimate par Ninesisters

Kôta Hirano est un mangaka plus connu pour la qualité de ses boucheries, enfin de ses manga, que pour son rythme de publication. Ainsi, après le succès d’un premier anime qui ne reprenait finalement...

le 13 mars 2013

38 j'aime

1