Libérez les androïdes !
Un album décevant. Les premières pages sont intéressantes, où l'on voit un androïde qui survit étrangement alors qu'il aurait dû être désactivé et donc détruit, mais la suite, que je ne peux...
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le 22 mai 2011
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Les profanes comme les initiés connaissent bien sûr le thème de la révolte des robots. Sous une forme ou une autre, il apparaît avec régularité dans les diverses productions populaires de la science-fiction, le plus souvent dans des épisodes de séries TV ou bien des jeux vidéo, et avec plus ou moins d'originalité selon l'imagination des auteurs. Sous certains aspects, ce sujet correspond tout à fait à une certaine définition du genre. D'ailleurs, de nombreux spécialistes, tels que les écrivains Brian Aldiss ou Isaac Asimov (1920-1992), le considèrent souvent comme le plus ancien de la science-fiction, qui trouva sa toute première incarnation dans le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne (1), paru en 1818, de Mary Shelley (1797-1851).
Cette ancienneté explique à elle seule pourquoi ce thème ne peut que difficilement proposer quoi que ce soit de neuf : vu, revu et corrigé depuis bientôt deux siècle, il va de soi qu'il s'avère à présent usé jusqu'à la corde et son potentiel narratif réduit d'autant. Publié dans les pages du mythique magazine Métal hurlant il y a maintenant 35 ans, Exterminateur 17 parvient néanmoins à présenter ce thème sous un angle au moins original à défaut de vraiment novateur. Car ici, l'androïde n'est pas vraiment un robot, ou du moins il ne l'est que dans sa « chair » puisqu'on comprend assez vite que son esprit est en fait bien humain, et qu'il s'agit précisément de celui du « maître » qui créa jadis les androïdes pour le Consortium.
Or, la « résurrection » de ce 17 sur un champ de bataille où il fit long feu pose un problème assez inédit car jusqu'ici aucun androïde désactivé n'avait jamais retrouvé la vie, et si une telle nouvelle s'ébruitait... En fait, dans Exterminateur 17, la révolte des robots ne se voit pas présentée comme sujet principal mais plutôt comme thème sous-jacent du récit : elle n'a pas vraiment lieu mais risque à tous moments d'embraser la galaxie si on ne règle pas la situation au plus vite. C'est à ce moment qu'entre en jeu une faction, les Néo-Manichéens, aux mœurs pour le moins inhabituelles : adorateurs de la pensée pure, ils répugnent à tous contacts avec les planètes, sièges de cette matière qu'ils exècrent, et au lieu de ça vivent dans l'espace.
L'introduction de cette secte, faute d'un meilleur terme, combinée au style graphique très organique de Bilal, ainsi bien sûr que la dimension space opera de l'univers du récit, donne à cette œuvre une coloration qui évoque assez Dune (Frank Herbert ; 1965). Si l'artiste avait à l'époque déjà abordé à de nombreuses reprises la science-fiction spatiale dans ses récits courts, elle atteint néanmoins une profondeur assez inédite dans son œuvre sous la direction de Jean-Pierre Dionnet qui ajoute aux visions de Bilal un aspect littéraire et aux nets accents poétiques – à défaut d'une dimension véritablement philosophique – qui leur confère ainsi une puissance alors jamais aperçue jusque-là dans les planches du dessinateur.
L'inverse fonctionne aussi, d'ailleurs, et on se demande lequel des deux, de l'artiste ou du conteur, a le plus influencé l'autre. Du moins, pour ceux d'entre nous qui aiment ce genre de débat. Les autres trouveront là une excellente opportunité d'examiner le fruit d'une collaboration qui reste encore à ce jour un grand classique de la science-fiction dans le domaine de la BD française.
(1) on peut d'ailleurs préciser qu'Aldiss, justement, lui consacra une œuvre entière à travers son roman Frankenstein délivré (1973), alors qu'Asimov prit le complet contrepied du roman de Shelley dans son célèbre Cycle des Robots.
Notes :
Jean-Pierre Dionnet choisit de poursuivre ce récit en 2003 par La Trilogie d'Ellis avec au dessin Igor Baranko ; cette série reste encore à ce jour en cours de publication.
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Créée
le 29 juil. 2011
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