Un Récit éternel
À une époque où le genre de l’heroic fantasy connaît une popularité sans précédent, il ne paraît pas incongru de rappeler qu’il n’entretient avec les légendes traditionnelles qu’un rapport en fin de...
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le 17 août 2012
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À une époque où le genre de l’heroic fantasy connaît une popularité sans précédent, il ne paraît pas incongru de rappeler qu’il n’entretient avec les légendes traditionnelles qu’un rapport en fin de compte assez lointain. Sous bien des aspects, d’ailleurs, le lien entre ces deux espèces littéraires reste d’ordre cosmétique, faute d’un meilleur terme, car leur fond respectif demeure tout à fait incomparable. Par exemple, si dans la fantasy la magie se veut souvent tapageuse et pour ainsi dire vite lassante, dans les contes d’antan elle conserve un rôle en apparence mineur mais en réalité fondamental au récit ; en fait, elle en constitue d’autant plus l’essence qu’elle reste discrète – voire même sous-jacente, soit aussi invisible que présente.
Or, cette magie trouve sa source non dans l’imagination de l’auteur du récit, mais dans celle du lecteur ; elle puise sa force dans les capacités de rêve de son public au lieu des capacités de démonstration de l’écrivain – ou si peu. Ainsi, L’Histoire sans fin nous décrit-il un récit initiatique où le héros en quête du moyen de sauver l’impératrice du Pays Fantastique se confond littéralement avec le petit Bastien, celui-là même qui lit précisément l’aventure du guerrier. Précisons au passage que ce dernier n’a du combattant que le nom ainsi que les qualités de courage, de noblesse et d’abnégation de soi caractéristiques de cet archétype puisque de combat, ici, on ne trouve point – sauf le temps d’une coupure de plan, soit une fraction de seconde au plus.
Comme je l’évoquais plus haut, la magie de L’Histoire… ne tient pas dans l’action. Ni même dans les images à proprement parler d’ailleurs, et qu’il s’agisse de l’ambiance qu’elles convoient comme des différentes créatures fantastiques qu’elles présentent – même si celles-ci savent souvent sortir des clichés. La magie tient dans le lien que le récit tisse entre lui-même et son lecteur, comme entre ses idées et son époque. Car on trouve bel et bien ici des idées – autre différence de taille avec cette fantasy tapageuse déjà évoquée. Et je parle bien d’idées intéressantes, non de pseudo-idées comme les fanboys peuvent en trouver sur tout et surtout n’importe quoi, en croyant ainsi attribuer un intérêt objectif à ce qui n’en présente pourtant aucun.
Ici, en effet, le Pays Fantastique se meurt de lui-même, et non sous les coups de boutoir de l’invasion d’un ennemi à la solde d’un « Mal » aux motifs absurdes. De sorte que L’Histoire… se veut une ode au Rêve au lieu de la pure distraction : à une époque où l’avenir paraissait sombre, situation qui a assez peu changé au fond, ce récit rappelait l’importance fondamentale de commencer par croire en des lendemains plus beaux pour mieux faire front aux épreuves et ainsi mieux trouver la force de les surmonter. Ce qui, au fond, reste la force principale des légendes d’hier : ces épopées fantastiques lues une fois jeunes nous donnent une partie de nos inspirations, et pour peu que nous les laissions nous habiter encore une fois grands…
Tous les enfants qui se sentent aujourd’hui abandonnés par leurs parents alors que ceux-ci s’épuisent en fait à ramener quatre sous dans leur foyer, qui ne croient plus dans les vertus de l’éducation à force de voir les diplômés aller grossir les rangs des chômeurs, et qui se laissent ainsi conditionner par la propagande des publicités et leurs promesses en carton d’une vie meilleure dans la consommation aveugle, tous ceux-là gagneraient à tenter l’expérience de L’Histoire…, au moins pour se rappeler que ne restent fermées que les portes qu’on refuse d’ouvrir, qu’il ne peut y avoir de mieux sans le rêve initial d’améliorer les choses, et que demain ne sera que ce que nous en ferons. Bref, que nous seuls sommes responsables de notre destin.
Pour son message aussi éternel que salvateur, L’Histoire… s’affirme donc comme un classique incontournable, mais surtout le digne héritier de ces contes traditionnels sans lesquels la culture d’aujourd’hui ne serait pas ce qu’elle est. Le rôle fondamental de ce type d’œuvre n’est plus à démontrer depuis longtemps. Et pour les petits comme pour les grands.
Notes :
Ce film est une adaptation de la première moitié du roman éponyme de Michael Ende (1929-1995) publié en 1979 et actuellement disponible en français chez Le Livre de poche (collection Fantasy n° 6014, ISBN : 978-2-253-03598-5). Mécontent de cette adaptation, Lende refusa que son nom apparaisse dans le générique de début ; on peut néanmoins le voir dans celui de fin.
Séquelles :
L’Histoire… lance une franchise qui se poursuit à travers deux films : L’Histoire sans fin 2 : Un nouveau chapitre (1991) de George Trumbull Miller, et L’Histoire sans fin 3 : Retour à Fantasia (1995) de Peter MacDonald. Ceux-ci sont suivis par une série TV d’animation en 26 épisodes, intitulée L’Histoire sans fin et réalisée par Mike Fallows en 1996, qui fut diffusée dans plusieurs pays, dont la France.
Autre adaptation :
Les Contes de l’histoire sans fin, aussi appelée L’Histoire sans fin, est une série TV germano-canadienne en 13 épisodes réalisée par Giles Walker et Adam Weissman, avec Mark Rendall et Tyler Hynes, qui fut diffusée en 2001. Sans aucun lien avec les trois films et la série d’animation cités précédemment, cette production ne s’inspire qu’en partie du roman original de Michael Lende.
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le 17 août 2012
Modifiée
le 17 août 2012
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