YAAAHAAA Devil Bats!

Ah ce bon vieux anime que suivais quand j'étais petit. A l'époque je trouvais déjà ça sympa mais sans plus. C'est en en discutant avec un ami que l'envie m'ait revenu de le lire cette fois: boum, je lui taxe tout ses tomes. Et là, c'est la consécration: Eyeshield 21 est un très bon manga de sport.

Manga scénarisé par Riichiro Inagaki et dessiné par Yusuke Murata, le même qui est aujourd'hui responsable du dessin de One Punch Man. Déjà à cette époque, le dessinateur avait un talent fou, et ça se sent dans les scènes badass(je pense à l'introduction des joueurs contre les Bando Spiders, marquante). Niveau dessin, c'est donc du grand niveau, que ce soit dans les phases de jeux, ou dans les moments humouristiques où les têtes sont très bien gérés.
En parlant de tête, le chara design est excellent. Les personnages ont tous un petit truc qui les rend discernables du reste: Hiruma le démon, les cheveux de Kotaro, les changements de style de Sakuraba, Monkey Monta... Chaque chara design s'accorde parfaitement au personnage et à son caractère/comportement, aussi varié et déjanté soit-il.

L'histoire commence avec un nouveau seconde, Sena Kobayakawa, un gamin qui se fait martyriser par les brutes, au point d'en avoir développer une course rapide et inarrêtable pour... non, pas les fuir, mieux les servir. Jusque là, rien à voir avec le Foot US. Pourtant, cette course constituera l'atout principal de sa nouvelle équipe: les Deimon Devils Bats, dont il deviendra un pilier sous le pseudonyme d'Eyeshield 21.
Un début cliché donc, mais c'est vraiment sympa à lire. On a aussi droit au coup de l'équipe faible au départ, beaucoup moins sympa. Mais en même temps, le soucis au début c'est qu'il n'y a que 3 membres officiels, donc l'évolution reste logique.

Là où Haikyuu trouve son intérêt dans son réalisme et dans les relations entre les joueurs, Eyeshield est intéressant grâce au développement des adversaires. Dans Eyeshield, on ne développe pas que les adversaires de Deimon. A chaque nouveau tournoi, on a une review rapide de toutes les équipes du tableau, avec bien sûr une mise en avant des plus gros morceaux. Je pense principalement à Ojo et Shin, adversaires et rivaux introduits dès le tome 1, et que Deimon n'affrontera qu'au tome 24, ou à Panther, le gros morceau du match final.
Il est donc toujours intéressant de suivre les matchs d'Ojo ou de Seibu, même si ils sont souvent plus courts que les matchs de Deimon(on a droit aux phases de jeux les plus intéressants), et on a presque toujours droit à une ou deux pages même pour les matchs totalement inintéressants. Ainsi, Eyeshield est complet dans sa construction, et même si une équipe est principale, le manga raconte aussi l'histoire d'un tournoi, et non pas seulement le cheminement des héros.

Énormément de personnages, même parmis les plus insignifiants ont droit à un développement. On a le sujet récurrent des petits joueurs(dont Sena fait partie) frustrés par leur corps mais qui font des efforts pour compenser. Les "racailles" qui veulent prouver leurs valeurs grâce au sport, mais aussi le joueur surestimé et qui lutte pour atteindre le niveau inaccessible des génies.
Le sujet du sport comme élément de frustration est très bien développé. Et je trouve que les exemples de Sena, mais aussi des dualités Sakuraba/Shin et Unsui/Agon sont les meilleurs à ce niveau. Oui, le sport c'est dur. Le haut niveau n'est pas accessible à tous. Pourtant, tous se battent pour s'en rapprocher du mieux qu'ils peuvent et avec leurs propres moyens.

Parlons des défauts, parce que Eyeshield en a quand même quelques uns.
Les mangas de sports mettent souvent en avant le fait que c'est la dernière année des terminales, et que c'est donc leur dernière chance. C'est un véritable classique. Mais à Deimon, Hiruma Kurita et Musashi sont en premières. Et pourtant, on nous annonce très tôt dans le manga que cette année sera leur dernière saison de foot US. Tout le long du manga, on attend une explication, qui ne viendra jamais. Ca m'est resté en travers de la gorge, et j'ai perçu ça comme une façon de créer un stress supplémentaire envers l'élimination, alors que c'est superficiel et injustifié.
Le second soucis, c'est une intrigue qui n'est pas développé jusqu'au bout.

Les matchs sont très très bons généralement. Deux ont suivi un chemin qui ne me plaint pas: le coup classique de l'adversaire qui mène d'un très lourd score mais qui finit par perdre. Malgré tout, ces matchs sont un plaisir à suivre, et l'ingéniosité du très grand Hiruma, mon personnage préféré pour le coup, arrive toujours à nous surprendre avec des tactiques improbables.
Une grosse partie des "techniques" du manga sont réalistes, mais sont exagérés à l'extrême. Certains sont tout de même abusés: le Devil Bat 4D et les mouvements de Taka entre autres.
Le match final sera pour moi à la limite de la perfection, et est très bien orchestré.

Au final, Eyeshield 21 est un très bon manga de sport qui je pense en ravira plus d'un. Les personnages sont nombreux et leurs développements sont vraiment intéressants. On développe vraiment la relation d'une personne au sport, avec les frustrations et les espoirs qu'on accorde au club. Le manga se finit sur un match du tonnerre, et une introduction sur les équipes universitaires qui nous met bien la hype. Inagaki, Murata, j'attends la suite de Eyeshield 21!