Le Texas, terre des grands hommes.
FEAR AGENT
Rick REMENBER / Tony MOORE / Jerome OPENA
Fear Agent c'est tout d'abord un coup de cœur, une révélation, un cri d'amour, pour moi.
Fear Agent c'est ensuite cinq volumes, d'une histoire difficilement re-transcriptible en quelques mots
Fear Agent c'est enfin, l'amour de ses auteurs pour la S-F rétro, celle des années 50, au charme désuet, avec ces extra-terrestres kitschs, des cerveaux conquérants de l'univers, des hommes des cavernes de l'espace, robots-amibes tueurs, engins futuristes démodés, de la fusée façon cigare en passant par le pisto-laser à cercles concentriques désintégrateurs; avec une touche de funky et d'humour totalement assumé en plus.
Bref Fear Agent est un délire spatio-temporel jouissif, bourré de références et de clins d'œil, synthèse improbable entre Flash Gordon, Il était une fois dans l'Ouest, et Star Wars.
Pour faire cours, et tenter de vous donner envie, la Terre est attaquée par plusieurs races d'extra-terrestres ennemis et belliqueux, qui ont tôt fait de réduire l'humanité à peau de chagrin. Quelques survivants, dont le « héros » Heat Huston, de l'histoire, réunis au Texas, vont monter un groupe de résistance les Fear Agent; seul et unique rempart d'une humanité agonisante et moribonde, contre les invasions aliens.
Le personnage de Heat Huston est à l'opposé des parangons de héros à la Flash Gordon, c'est un alcoolique querelleur et misogyne, prompt à juger et à la gâchette facile, imbu de sa personne et sûr de son fait. Bref un gros nase, et pourtant c'est lui qui va nous accompagner dans ses pérégrinations de ploucs galactique.
Chaque volume est construit sur une narration échevelée, le scénario usant de cliffhangers, d'ellipses, de retour dans le passé se tient pourtant parfaitement sur chaque volume (si on fait l'effort de suivre un tant soit peu), et tient en haleine un lecteur avide de connaître la suite.
Bien que les enjeux évoqués soient d'échelle universelle, le ton global de la série est à l'humour, tout à la fois potache, de situation, mais aussi noir et cynique. Chaque volume est par ailleurs particulièrement bien écrit et émaillé de citations de Samuel Clemens (Mark Twain), sorte de référentiel pour Heat Huston le rappelant à sa condition d'humain dans un monde d'aliens (créant un décalage savoureux) et à son passé.
Au dessin Tony Moore pour le premier volume, qui s'est déjà fait connaître pour son remarquable travail sur Walking Dead (premier volume et couvertures), avec en alternance Jerome Opena, livrent tous les deux un remarquable travail, sans parler d'une colorisation aux petitx oignons.(Comme ce fantastique lieu à Nancy où l'on peut manger des casses-dalles pour gars couillus...mais je m'égare...)
Lire Fear Agent c'est embarquer pour un trip spatio-temporel, déjanté, référencé, et bigarré comme il est peu coutume d'en rencontrer. Tout à la fois improbable mais si bien construit qu'il est plus que certain que l'envie d'aller au bout du destin de Heat Huston du Texas, dernier Fear Agent de la Terre vous étreindra dès la fin du premier volume.