En trois épisodes, le jeune Nick Spencer décide de ne pas mettre en avant le crossover mais de s’en servir comme toile de fond. Le scénariste aborde de nombreux thèmes comme l’espoir, la vie, la mort, l’amour, ce qu’est être un super-héros et il se permet même dans le dernier épisode un discours métafictionnel où les journalistes sont en fait les lecteurs à qui Natasha explique ce que ça fait de renaître quand on est un super-héros.

(JPEG) En soi, ces trois épisodes peuvent être lus rapidement (excepté le dernier) mais ce serait passer à côté d’une histoire bien faite et d’une réflexion intelligente (dans ce crossover bas du front, ça serait bien dommage).
Dans le premier numéro, Spencer commence par montrer comment peut naître une vocation. Le personnage de Lenny est un député, militant convaincu, qui a fini par devenir un homme politique pour aider les siens. En lui faisant retracer sa carrière, Spencer permet de mieux faire connaître son personnage et de faire en sorte que le lecteur ne s’en fiche pas une fois le comic-book refermé. Habilement, le scénariste explique le courage et comment chacun à sa manière peut affronter la peur. Le tout au travers de son député, des dialogues avec Mc Coy, puis avec le discours face aux caméras. On y voit un homme simple rester debout et affronter la peur car c’est la seule chose à faire. Ecrit comme ça, cela peut faire plein de bons sentiments mais je n’ai pas trouvé que cela soit le cas. Nick dose ce qu’il faut pour ne pas en faire trop et du coup, met en avant un mutant qui n’est pas dans un costume spandex vivant sur une île, mais un noir américain avec de la bedaine qui utilise son pouvoir pour lui faire gagner du temps non pas pour survivre ou pour se battre, mais pour délivrer son message. Pour lui, il est plus important d’apporter soutien, réconfort et force que de se battre contre des armées de robots tueurs. Un choix différent mais tout aussi légitime et courageux.
Le seul petit défaut pour ma part reste le discours trop patriotique, mais il correspond tout à fait à ce qu’il faut pour le public américain, surtout quand on parle de guerre.
A noter aussi que l’utilisation de la statue de Washington et autres pièces du musée est une référence au film Une nuit au musée 2 où tout ce qu’il y a d’entreposé prend vie grâce à une pierre spéciale.

(JPEG) Le second épisode est plus porté sur l’amour et sur la perte de l’être aimé. Au travers d’un couple de soldats, Nick Spencer fait revivre à Valkyrie son passé. Spencer n’utilise pas les dialogues comme dans son premier épisode mais le flashback. Cette manière permet de découvrir le passé de Brunhilde, pour ceux qui ne le connaissaient pas.
Un bon moyen de développer ce personnage réapparu il y a peu dans ce titre sous la houlette de Brubaker qui ne l’a pas du tout travaillé. D’apparence froide et guerrière, ce sont les sentiments entre Hayes et Stevens qui vont permettre au personnage d’avancer et de se rappeler de sa première mission .
Un numéro simple mais bien réalisé qui se tient encore une fois tout seul et qui raconte bien plus que la plupart des tie-in en trois ou quatre numéros.

(JPEG) Le dernier script du scénariste est celui qui a fait couler le plus d’encre car il est très métatextuel et touche à une partie spécifique des comics, la résurrection des héros. Pour ma part, j’ai trouvé l’épisode très bien fait.
Les deux points de vue (ils reviennent tout le temps à la vie et il faut pleurer la mort de l’être perdu) sont très bien expliqués et les deux ont des arguments valables. Le côté superstar des héros et l’acharnement médiatique et du coup, parfois le non-respect des proches qui est fait est bien mis en avant.
Le côté réflexion sur le mythe de super-héros avec sa renaissance et ce côté quasi immortel mais aussi cette lutte et souffrance permanente est très bien écrit. Spencer utilise les codes de comics déjà existants et les suit sans rien laisser de côté que ce soit la mort, la résurrection, le côté fiction aussi.

En trois numéros, Nick Spencer aura écrit trois histoires tournant autour de sujets forts qui peuvent tous être liés à la guerre mais pas seulement, mais surtout il n’aura pas mis en avant des héros, mais des gens de la vie de tous les jours, des êtres ordinaires, des soldats, un politicen, des journalistes blogueurs. Il a su démontrer rapidement et efficacement que l’on peut écrire des histoires humaines et intelligentes dans le milieu des super-héros et plus fort encore dans un crossover ou tous le monde tape sur tout le monde. Quand on lit après Fear Itself, c’est à se demander pourquoi on ne lui a pas confié la réalisation du crossover et pourquoi il est déjà parti du titre.

Au dessin, nous retrouvons Scott Eaton. voilà un dessinateur que j’apprécie et dont le style sobre mais efficace correspond tout à fait aux histoires du scénariste. Les effets visuels et autres découpages décapant ne sont pas de mise juste une réalisation sobre, mais efficace dont le but est de servir le propos et non pas de le noyer.
Kab
6
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le 19 avr. 2014

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Kab

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