Alan Moore s'adonne en compagnie de sa douce et tendre à la BD pornographique.
Et ça donne quoi ?
Quand on connait un peu Alan Moore, on devine facilement que ça ne peut pas s'arrêter là, même si bon nombre de ses admirateurs n'ont malheureusement pas passé la barrière du sulfure.

La magie traverse toute l'oeuvre de Moore, parfois de façon frontale, explicite (Promethea pour ne citer qu'elle, série majeure et incomprise s'il en est une dans le monde d'Alan Moore), la plupart du temps en filigrane, mais elle est toujours là, moteur créatif revendiqué par l'auteur, propos oblique, et pratique quotidienne pour ce shaman des temps modernes.

Pour ces Filles Perdues, c'est des replis de la chair et du langage qu'il faut la chercher, lovée dans leur intimité, à la croisée des sens et de la mémoire.

Elle sont trois, partagent une sensualité complexe, intense et plus ou moins assumée, une amitié ambigu et libérée, ainsi qu'une mémoire voilée, dont les mystères vont se révéler par l'exploration de leurs corps et de leurs fantasmes les plus débridés,

Mais si elles n'avaient que leur soif de sensualité et leur mémoire brisée en commun, ce serait léger, décevant de la part du génial Alan Moore.

Ce que s'offrent les auteurs ici, c'est la relecture de trois histoires fondatrices de la littérature "enfantine", tout en perversion mais néanmoins subtile et pertinente, à travers Alice, Wendy et Dorothée, chacune dans un style narratif et graphique spécifique.

Moore touche au mythe, au symbole, dans une farandole de corps assouvissant leurs passions, reclus dans cet étrange microcosme coupé d'un monde en guerre, au bord du gouffre.
toma_uberwenig
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Comics : en élargissant un peu le paysage... et Les meilleurs romans graphiques

Créée

le 20 mars 2011

Critique lue 1K fois

5 j'aime

1 commentaire

toma Uberwenig

Écrit par

Critique lue 1K fois

5
1

D'autres avis sur Filles perdues

Filles perdues
Diothyme
9

Trois filles de leur Moore

Ce titre rappelle évidemment celui de Pierre Louÿs dont il est fait référence explicitement au fil de l'ouvrage. La douceur des images avec leurs couleurs pastels, ses décors art-nouveau contraste...

le 17 août 2011

11 j'aime

9

Filles perdues
toma_uberwenig
8

Innocence perdue

Alan Moore s'adonne en compagnie de sa douce et tendre à la BD pornographique. Et ça donne quoi ? Quand on connait un peu Alan Moore, on devine facilement que ça ne peut pas s'arrêter là, même si bon...

le 20 mars 2011

5 j'aime

1

Filles perdues
Kab
9

Critique de Filles perdues par Kab

Alan Moore et sa femme Melinda Gebbie parlent d'érotisme, de sexe, d'amour, mais aussi d'expériences, de ressentis, comment on voit les choses, comment une relation peut nous faire avancer. Cette...

Par

le 28 août 2010

4 j'aime

Du même critique

Invasion Los Angeles
toma_uberwenig
8

Debord décrypté par un ex-catcheur

C'est de loin la meilleure, la plus claire explication possible de ce que Debord essaie de nous faire comprendre dans la Société du Spectacle. Bon, d'accord, les extraterrestres et les lunettes...

le 1 avr. 2011

85 j'aime

12

The Wicker Man
toma_uberwenig
10

Come. It is time to keep your appointment with the Wicker Man.

S'il n'en restait qu'un, ce serait celui-ci, presque sans hésitation. Et je profite du fait que ce soit le 1er mai, date au centre de l'intrigue du film, pour me décider à en parler. Tout commence...

le 1 mai 2011

75 j'aime

27

Si tu tends l'oreille
toma_uberwenig
8

Le temps retrouvé

Si vous abordez ce film avec les faux espoirs instillés par la bande annonce d'être confronté à un conte surnaturel, vous serez déçu. Et ce serait dommage, le film ayant beaucoup à offrir à ceux qui...

le 5 mai 2012

68 j'aime

3