Merci Dali
Le peintre Searbearstein (qui ressemble à Pascin dessiné par Sfar) rentre en France après un séjour paradisiaque. Il rencontre Farida Khelfa, modiste et responsable de la fondation Dali. Les...
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le 17 déc. 2017
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Le peintre Searbearstein (qui ressemble à Pascin dessiné par Sfar) rentre en France après un séjour paradisiaque. Il rencontre Farida Khelfa, modiste et responsable de la fondation Dali. Les attentats du Bataclan ont lieu. il décide une expérience, à partir d'une photographie de Salvador Dali dans un intérieur avec 4 femmes : s'enfermer une semaine dans un hôtel particulier avec 4 mannequins nues, leur faire voir des reproductions d'oeuvre de Dali et voir si quelque chose se passe. Parmi les filles, il y a l'ex de Searbearstein, qui adore dire du mal de lui. Deux jumelles et une autre, survivante du Bataclan.
Les filles prennent des champignons et ont des hallucinations reproduisant des tableaux de Dali tout en ayant des discussions décousues sur la manière de glorifier la joie de vivre. Evidemment, de la page 29 à la page 120, elles sont à poil.
Sfar distille à travers son personnage ce qu'il pense vraiment : le Bataclan est une guerre qui divise le monde en deux camps. "Nous", ceux qui aimons vivre, et "eux", ceux qui veulent tous nous tuer. Et la réponse qu'il propose, ce sont des meufs à poil et une fuite dans Dali, dont l'oeuvre n'est analysée que de manière hermétique, et que le livre tend à assimiler à un symbole de résistance hédoniste à laquelle se raccrocher (p. 13 : "Pour une fois, un héros qui n'est pas américain va peut-être sauver la planète, [et] c'est Salvador Dali").
Au fond, c'est un livre de commentaires décousus sur l'oeuvre de Dali, mais surtout une réaction à chaud au Bataclan. Avec un Sfar qui se met en scène de manière pas très fine à travers ce personnage de Searbearstein. Et ce côté facile de l'artiste-blasé-dépressif français, qui, lorsqu'on lui demande d'expliquer une contradiction, répond simplement "parce que je suis un salaud". ça sent la paresse parisienne. Il me manque, le Sfar qui jouait les couillons provinciaux pas très fins. Maintenant, il a été complétement assimilé par le petit biotope parisien. Il prend sûrement ses déjeuners avec une chiée de people, mais il s'est laissé éblouir par cela.
De même qu'au fond, il utilise Dali comme un étendard que l'on brandit plutôt que comme un véritable sujet à traiter. Sfar a besoin d'un matériau de départ pour construire son discours. Fini la générosité fantaisiste, place au "je vous livre ma vision de tel truc". Est-ce intéressant ? ça vire assez nombriliste. A ce titre, des phrases comme "On ne comprend Dali qu'en ne parvenant PAS (souligné) à le copier" sonnent vraiment comme une piètre excuse.
Ce qui met le plus mal à l'aise, c'est que la fille blonde ressemble beaucoup à l'ex de Sfar, Sandrina Jardel, bref qu'il semble utiliser le livre pour mettre en scène l'échec de leur couple, en la faisant parler elle, qui formule des reproches mais jamais lui (il reconnaît à demi-mot des torts, mais sans grand courage), bref en se donnant le beau rôle. Quand on veut faire de son livre un plaidoyer post-Bataclan, rajouter dedans de telles considérations personnelles a quelque chose de profondément malade. J'avais déjà du mal avec les tweets de drama queen du bonhomme, prompt ces temps-ci à faire parler de lui dans des polémiques qui n'apportent rien en termes de fonds, mais là, on arrive dans le rance.
Si vous ne connaissez pas Sfar, peut-être profiterez-vous de ce livre et le trouverez-vous original (c'est pour cela que je laisse une note positive). Mais si vous savez de quoi il était capable à ses débuts, vous aurez un vague arrière-goût de vomi dans la bouche.
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le 17 déc. 2017
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