Folle à lier - Harley Quinn, tome 2 par Ninesisters

Oui. Mais non.

J'avoue, j'ai voulu y croire. Même sans avoir été totalement convaincu par le premier tome, la série disposait d'un potentiel réel, ou en tout cas d'un semblant de scénario, désormais jeté aux oubliettes.

Reprenons depuis le début. Harleen Quinzel, brillante psychologue, a sombré dans la folie depuis qu'elle a essayé d'étudier le Joker ; un Syndrome de Stockholm et une plongée dans un bain d'acide plus tard - ça, c'est nouveau - et la voilà devenue Harley Quinn, acolyte et plus si affinités de l'ennemi favori de la Chauve-Souris. Personnage ambivalent, tiraillée entre amour et haine pour un Joker qui la traite comme une merde, parfois altruiste mais toujours dérangée, le New 52 l'a transformé en une psychopathe aux pulsions homicides incontrôlables, peut-être pas aussi folle qu'elle veut bien le faire croire. Une chose est sûre : sa côte de popularité ne fléchit pas, d'où cette série à sa gloire après un passage remarqué chez Suicide Squad.

Dans le premier tome, nous la découvrions héritière d'un immeuble à Coney Island, abritant une population à sa démesure, mais à la gestion contraignante qui l'obligera à multiplier les petits boulots - championne de patins à roulettes, psychologue pour maison de retraite - tout en étant poursuivie par des chasseurs de prime, le tout sous le prisme de son sens bien à elle des priorités et de la logique. C'était barré, parfois lourd, mais il y avait de bonnes idées.
Pour ce second opus, les auteurs ne gardent vraiment que le côté barré, et se débarrasse du reste. Désormais, Harley Quinn sera Deadpool avec des nichons, une héroïne à la violence décomplexée, qui aime faire des blagues et converser avec le lecteur. Dans ces conditions, pas besoin d'histoire, il suffit de multiplier les situations plus ou moins méta / post-modernes : et vas-y qu'elle décide de faire équipe avec Power Girl, et vas-y qu'elle va rencontrer Jim Lee au Comic Con de San Diego, et vas-y qu'elle se retrouve au milieu d'une bande de nerds habillées en Harley Quinn, et vas-y que son avocat est un aveugle vivant à Hell's Kitchen, et vas-y qu'elle tombe follement amoureuse de Paul Dini et Bruce Timm (un peu d'inceste)... Un scénario, qu'est-ce que c'est ?

Je ne peux pas dire que le chapitre #0 n'annonçait pas la couleur, mais cela finit par devenir lassant. D'autant que l'éditeur lui-même semble avoir du mal à assumer de donner le premier rôle à Harley Quinn, maintenant qu'elle n'a plus rien de la gentille méchante presque inoffensive de ses débuts. Pour faire passer la pilule, Harley ne s'en prend vraiment qu'à des individus qui le méritent, ou du moins qui nous sont un tant soit peu présentés comme tels ; par contre, hors de question qu'il arrive quoi que ce soit à un animal. Et puis, lol, il y a de l'humour !
Parfois, cela fonctionne malgré tout. J'ai trouvé la dynamique de son groupe de patinage appréciable, ses locataires sont toujours aussi tordus, et la première aventure de l'album, qui la confronte à un fan, met fort bien en avant les attributs de l'héroïne. Ensuite, cela vire vraiment au délire pour le délire, et cela ne va jamais plus loin, donnant une direction désastreuse à la série.

Moralité : je m'arrête là.