Football District
7.3
Football District

BD (divers) de Timothée Ostermann (2018)

Football district se placerait tout en haut de la catégorie bédé comique, dans le même rayonnage de librairie que les Profs, les Pompiers ou les Gendarmes. Il faut avoir remporté un titre de quatrième division de district – le sommet de toute une carrière ! – pour comprendre ce que ça signifie. Comme son titre l’indique, l’album propose une plongée dans un club de football de district. Pour les profanes, le district (en gros, l’échelon départemental) est le plus bas niveau qui existe en football amateur. Pour trouver des joueurs adultes plus nuls, il faut aller chercher (et encore) du côté de ce football entreprise qui s’appelait autrefois foot corpo. En-dessous, ça s’appelle du sport adapté.
Quiconque a déjà tenté de pousser un ballon sur les pâquerettes d’un champ de patates pompeusement appelé terrain, fumé une clope deux minutes avant d’entrer en jeu, vu arriver un joueur à la mi-temps parce qu’il finissait le boulot à 15 heures, glissé des morceaux de carton sous ses chaussettes parce qu’il avait oublié ses protège-tibias, traversé tout un département en plein hiver pour prendre 4-0 et une douche froide, quitté le terrain pour vomir ses whiskys-cocas de la veille au soir ou entendu des remarques telles que « Ils ont trois blacks, ça doit courir vite », « Au fait, on jouait contre qui ? » ou « Comment il s’appelle, notre avant-centre ? » – celui-ci comprendra de quoi parle Football district, et n’y trouvera pas grand-chose de surprenant.
Entendons-nous nous bien, Football district n’est pas un chef-d’œuvre : il n’y a pas de véritable construction, je trouve le dessin mécanique et plutôt laid et on voit poindre çà et là quelques traits de narcissisme. Mais sur l’univers évoqué, sur le regard porté sur cet univers surtout, rien à redire. Dans ses meilleurs passages, cet album, c’est comme en district : on est nuls, mais les meilleurs d’entre nous le savent.

Alcofribas
6
Écrit par

Créée

le 18 août 2018

Critique lue 161 fois

1 j'aime

Alcofribas

Écrit par

Critique lue 161 fois

1

Du même critique

Propaganda
Alcofribas
7

Dans tous les sens

Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...

le 1 oct. 2017

30 j'aime

8

Le Jeune Acteur, tome 1
Alcofribas
7

« Ce Vincent Lacoste »

Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...

le 12 nov. 2021

21 j'aime

Un roi sans divertissement
Alcofribas
9

Façon de parler

Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...

le 4 avr. 2018

21 j'aime