Je dois faire un aveu : j’ai choisi cet ouvrage uniquement sur sa couverture que je trouve extrêmement belle, toute en délicatesse.
Malheureusement, je me demande si pour une fois, je n’aurais pas dû lire aussi le résumé ou du moins plus creuser sur la BD avant de la sélectionner.
Car, derrière cette couverture prometteuse, le reste est pour le moins... fragile (désolé pour celle-là).
Fidèle à ce qui est annoncé sur la couverture, le dessin de Mathilde Ducrest se révèle très joli, délicat, honnête, n’idéalisant pas le physique de ses personnage. Toutefois, cette douceur est en partie gâchée par une mise en couleur est très surchargée qui fatigue très vite les yeux et ce, malgré des tons doux mais aussi très numériques.
Mais surtout, là où le dessin appelle à la contemplation, à prendre son temps, à flâner au gré des planches, le texte, lui, refuse de perdre son temps et veut réussir à caler tout le cahier des charges fixés par l’autrice, quitte à y aller aux forceps. Cette dernière force notamment un certain formalisme dans sa narration, semblant raconter cette histoire, cette rencontre entre Emily et Sue et le développement de leur relation sous le prisme d'un enchaînement de contes avec, à chaque fois, une morale plus ou moins explicite. Ces contes formant un tout à la fin, l’histoire en tant que telle. Toutefois, c’est très maladroit : le schéma est visible, mal maîtrisé et les thèmes explorés sont soit trop nombreux, soit simplement mal exploités à l’image de différence sociale entre les deux personnages qui reste très en surface pour ne pas dire clichée. Autre exemple, les dialogues sont très verbeux et alambiqués (quelles jeunes adultes 20 ans parlent ainsi ?).
Au final, je me demande si un livre uniquement basé sur la relation entre Emily et Pia et leur cohabitation n’aurait pas été meilleur car c’est ce qui fonctionne le mieux dans tout l’ouvrage.
Il faut dire, 180 pages pour arriver à la conclusion que les liens entre les personnes sont fragiles et reposent sur un équilibre qui l'est tout autant, ça fait léger.
J'ai cru comprendre que c'était le premier ouvrage de cette autrice. Cela peut expliquer cette maladresse, cette volonté de trop en faire que ce soit dans l’histoire, l’abondance de thématiques ou même le dessin. Mais il faudra faire plus attention dans les prochains ou travailler avec un(e) scénariste pour mieux cadrer les idées et leur développement. Car, malgré cet album imparfait et malheureusement décevant en ce qui me concerne, Mathilde Ducrest a du potentiel. Donc, à voir comment elle réussira à passer outre cette fragilité pour arriver à une pleine maîtrise de son talent.