Fraise et Chocolat, tome 1 par Caledodub
Au premier feuilletage, je vois du cul, du cul, du cul. Rien de nouveau sous le soleil levant. Mais le dessin, rond et un peu enfantin, interpelle. Et à la lecture, je découvre le début d’une histoire d’amour et donc sexuelle. Le sexe, l’acte comme les appareils génitaux, est présent dans le couple comme dans le livre. Mais ce sexe, Aurélia Aurita l’aborde différemment : elle l’aborde sans artifice, sans cache-sexe, sans fausse pudeur, avec passion, sincérité, parle d’amour, de sentiments grandioses et banals, de complicité, d’humour pendant une partie de jambes en l’air, des réactions inattendues de son propre corps… Bref, elle parle du sexe comme n’importe qui devrait en parler : naturellement. Comme chacun le vit au final (mais peut-être moins fréquemment que dans le livre).
Car quand je dis « différemment », je pense aux BD que j’ai pu lire où il est question de sexe. Combien tombent dans la pornographie, la vulgarité, le trash, la provocation, l’hypocrisie ou le fantasme d’un dessinateur frustré de son adolescence ? Le seul exemple similaire qui me vient en tête reste Step up Love story, qui allie ces éléments, mais d’une manière plus pédagogique et encore ancrée dans des stéréotypes physiques.
Mais une fois le livre – très rapidement – terminé, je me dis : et après ? Comme le dit l’auteure dans son livre ultérieur Buzz-moi : « Au départ, « Fraise et chocolat », c’était juste entre lui et moi. C’était un peu ma déclaration d’amour… Mais en BD. » Et effectivement, elle raconte leur histoire, leur amour, et je n’ai pas de raison de m’y intéresser particulièrement. L’ « action » se situe au Japon et l’auteure nous épargne un exotisme inutile et cette histoire aurait pu se produire n’importe où. Et peut-être à n’importe qui.
Au final, je me rends compte que je suis plus intéressé par la manière de raconter l’histoire plutôt que l’histoire elle-même. Car si leur histoire d’amour est passionnante pour elle et lui, elle ne l’est pas pour moi. Mais là aussi, il y a de l’universel dans cette BD : essayez de raconter votre histoire d’amour à un inconnu ou à proche, vous ne le captiverez pas bien longtemps.