En zonzon

J'avais débuté le run de Jason Aaron sans en attendre grand chose, et je m'étais retrouvé avec un récit étonnamment prenant. J'avais acheté direct les tomes suivants. En France, ils ont sorti un autre tome au milieu, qui regroupe plusieurs histoires sans rapport avec l'intrigue en cours... j'en ai fait abstraction.

On retrouve Frank Castle en prison, capturé par la police après que son affrontement contre Bullseye l'ait laissé en morceaux. Frank sait que les prisonniers vont venir l'achever... mais non seulement il n'est pas en état physique de lutter, mais quelque chose que lui a dit Bullseye a remis en doute sa détermination.
Et dans les deux cas, on assiste à une situation dans laquelle je n'avais jamais vu le personnage.
Les réflexions sont vraiment poussées, elles font ressentir un réel tourment chez le héros.
La question n’est plus de savoir comment survivre, mais s’il y en a l’envie.
Ca permet d’explorer un personnage que j’adore de façon nouvelle, en plus de représenter la réussite du plan de Bullseye, qui est effectivement parvenu à attaquer Frank, mais en s’en prenant à lui psychologiquement et non physiquement, à savoir là où tous les autres ont échoué.

L’auteur développe intelligemment une idée développée dans l’album précédent, à savoir que Frank n’a jamais été fait pour autre chose que la guerre, et une vie autre que celle qu’il mène en tant que Punisher, une vie de famille ordinaire, n’aurait pas été supportable.
La révélation faite durant le fameux pique-nique qui a coûté la vie à sa famille est brillante, et de plus ça donne du sens à l’histoire telle qu’on la connaissait déjà : Frank qui ne remarque pas les mafieux… effectivement, ça n’était pas cohérent, c’est comme s’il manquait quelque chose avant l’apport de Jason Aaron.
L’auteur intercale, entre des moments de la vie de Castle qu’on connaissait, des évènements supplémentaires (ses jobs après la guerre, ses rencontres avec Nick Fury) qui fournissent plein d’évènements et de tournures de phrases qui présagent ce qu’est devenu le personnage par la suite, et placent la vie de Frank sous le signe du déterminisme, de la fatalité même.
C’est pas forcément subtil, mais bien vu tout de même.
Du coup, puisqu'on explore surtout le passé, l’intrigue dans le présent paraît très courte, mais elle comporte des twists excellents.
Et malgré le ton grave de l’album, il y a de petites touches comiques efficaces, parce que l’humour est grinçant. Ca vient surtout de criminels qui en veulent à Frank, mais ont peur de lui.

Et finalement, moi qui critiquais les dessins de Steve Dillon au début du run, je les aime bien maintenant. La couleur y est pour beaucoup aussi.
Je n’en avais pas parlé jusque là, mais les covers de Dave Johnson sont vraiment cools aussi pour certaines. Ici, il y en a une qui se sert des dents du crâne sur le torse du Punisher pour figurer des barreaux de prison par exemple.

Un très bon album, écrit intelligemment, et qui se lit trop vite… dire que le run touche déjà bientôt à sa fin...