Frankenstein par Ninesisters
Cela fait des années que je lis des manga. Parmi ceux-là, un nombre grandissant d’oeuvres étranges, voire déviantes, comme celles de Suehiro Maruo. Pourtant, je n’avais jamais pris le temps de découvrir Junji Ito, auteur dont j’entends le plus grand bien depuis longtemps. C’est aujourd’hui chose faite.
Ce qui m’a poussé à commencer par cet album en particulier, c’est l’évocation dans une critique, d’un récit qui a attisé ma curiosité : l’histoire d’une fillette qui se transforme en poupée. Malheureusement, celui-ci s’avère trop courte pour exploiter son plein potentiel. De même que le dernier chapitre, servant lui-aussi de remplissage, et dont nous pouvons penser qu’il est autobiographique. Ce qui m’oblige à me focaliser sur l’histoire principale de ce volume : Frankenstein.
Comme la plupart des lecteurs, je suppose, je connais Frankenstein en tant que savant-fou amateur d’éclair, et la célèbre créature qui lui est associée. Mais je n’ai jamais lu le roman de Mary Shelley, dont cette adaptation se veut plus fidèle que ce qu’ont pu nous proposer au fil du temps Universal et les productions Hammer. Ce qui permet par ailleurs de casser plusieurs préjugés : Victor von Frankenstein parait beaucoup plus humain et dépassé par les événements, et sa créature s’apparente plus à un monstre qu’à l’innocent dépeint par Boris Karloff. D’ailleurs, il y a un signe qui ne trompe pas : la créature ne ressemble pas au personnage créé par l’acteur au physique inquiétant, et qui a depuis fait date au point d’imposer son image ; celle d’un géant au crâne disproportionné, avec cicatrice au front et vis sur les côtés.
Le trait de Junji Ito est sombre, et le récit semble adapté à son style habituel. Après, cela reste une adaptation, donc il devient forcément plus difficile d’y imposer sa patte autrement que par le dessin. Frankenstein m’aura moins permis de me familiariser avec l’univers de l’auteur, qu’à découvrir réellement cette pièce maitresse de la littérature gothique et fantastique, morbide et cruelle à souhait.
Il ne s’agit donc absolument pas d’un manga raté, loin de là. Le récit m’a passionné, et le graphisme de Junji Ito colle parfaitement à l’atmosphère ambiante. Par contre, je ne crois pas que c’était le bon moyen pour découvrir son travail, tant il s’efface derrière l’histoire de Mary Shelley. Les courts chapitres qui l’accompagnent ne permettent pas de mieux l’appréhender. Il faudra donc que je me tourne vers ses œuvres les plus emblématiques, telles que Tomie et Spirale.