Avec Frenchman, Patrick Prugne nous emmène dans un western revisité, où l’aventure et l’exploration se conjuguent avec un soupçon de french touch. Imaginez un trappeur moustachu, un carnet à la main, plongé dans les forêts sauvages d’Amérique du Nord, prêt à écrire son histoire avec autant de style que d’audace. Ça sent le bois coupé, le whisky frelaté, et l’encre fraîche.
L’histoire suit Benjamin, un jeune Français qui décide de tout quitter pour vivre le rêve américain. Mais pas le genre de rêve qui se réalise avec un gratte-ciel et un café latte : ici, c’est la nature brute, les trappeurs bourrus, et les alliances fragiles avec les tribus amérindiennes. Un récit qui mêle découverte, danger, et humanité, le tout raconté avec une délicatesse inattendue.
Graphiquement, Patrick Prugne fait des merveilles. Chaque planche est un tableau, littéralement. Ses aquarelles apportent une dimension visuelle unique, avec des paysages à couper le souffle et des ambiances lumineuses qui varient entre l’émerveillement et l’oppression. Les couleurs vibrent d’une vie propre, rendant les forêts plus vivantes que certains personnages.
Le récit, bien qu’épuré, est riche de sens. Prugne explore les thèmes de l’exil, de la confrontation des cultures, et de la quête d’un ailleurs qui finit souvent par ressembler à une fuite. Les dialogues, peu nombreux mais bien choisis, laissent place à l’immersion dans les décors et les actions, comme si les personnages eux-mêmes préféraient se taire pour écouter la nature parler.
Cependant, Frenchman n’est pas sans petites failles. Certains moments, bien que magnifiques visuellement, peuvent paraître un peu contemplatifs, voire ralentir l’intrigue. Mais ces pauses font partie du charme de l’œuvre, qui préfère vous faire respirer l’air des grands espaces plutôt que de vous assommer avec des rebondissements à la pelle.
En résumé, Frenchman est un voyage visuel et narratif qui vous transporte dans un autre temps, un autre lieu, et une autre manière de raconter une histoire. Un western à la française, où l’aquarelle est aussi puissante qu’un colt, et où l’aventure se vit à chaque page tournée.