Paranoïa
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C'est avec ce titre que Juan Giménez signe son grand retour sur la scène française des parutions BD, cette fois en tandem avec Carlos Trillo au lieu de Ricardo Barreiro comme ç'avait été le cas sur L'Étoile noire en 1981. Entretemps, en effet, seul son recueil de récits courts Mutante, s'était vu publié chez nous, en 1985, montrant l'assez vaste étendue de ses inspirations et de ses styles sur le plan graphique, certes, mais restant aussi bien plus timide sur le plan de la narration puisque toutes ces nouvelles ou presque se bornaient à un effet de chute le plus souvent humoristique. Avec Gangrène, toutefois, son retour à une narration plus longue et plus fouillée se double aussi d'une thématique plus sombre que celle de L'Étoile noire.
Si le récit se montre dans un premier temps plutôt obscur, on comprend malgré tout assez vite que le monde ici décrit se trouve à l'agonie après une guerre de trop. Compte tenu de la situation géopolitique de la planète à l'époque de la parution de ce one shot, on suppose ce conflit mondial et de préférence nucléaire ; mais certains phylactères donneront aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur ce qui est arrivé après, et bien que ça présente au final assez peu d'intérêt en soi. Entre les lignes, on peut éventuellement distinguer une sorte de métaphore du sort du Tiers Monde face à l'indifférence des grandes puissances qui préfèrent s'avachir dans leur petit confort plutôt que de le partager.
Malgré tout, on apprécie de voir une narration où les divers camps en présence savent sortir des clichés, du moins les plus éculés, sans pour autant montrer une franche sophistication à proprement parler ; disons que les choses n'y sont pas aussi simples que dans une certaine BD de l'époque qui se montrait plus facilement binaire. Pour le reste, il s'agit tout de même d'un récit assez linéaire où les divers événements servent de remplissage bien plus qu'à convoyer des idées alors qu'il y en avait à développer, ou bien à étoffer le propos alors qu'il l'aurait mérité... On peut néanmoins souligner les qualités visuelles de cette histoire qui mêle le post-apocalyptique à l'hypertechnologie avec un certain bonheur.
Si Giménez nous a depuis habitué à une exécution et des techniques de rendu bien plus sophistiquées et plus abouties, son travail sur Gangrène n'en reste pas moins tout à fait digne d'intérêt et participe beaucoup à donner à ce court récit une dimension plutôt hors norme. Les inconditionnels de l'artiste ne voudront pas rater cet album, les autres pourront passer à côté...
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Créée
le 1 oct. 2011
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