Gantz
7.2
Gantz

Manga de Hiroya Oku (2000)

Le Prisonnier version ado sous cocaïne

Je ne sais honnêtement plus pourquoi j'ai commencé Gantz. Une recommandation sous un post j'imagine, mais 383 chapitres plus tard, je peux dire que, bien qu'ayant quelques qualités évidentes, ce manga n'est pas pour moi.

Partant d'un prédicat intéressant et ressemblant à la série "Le Prisonnier" (un héros poussé dans un contexte totalement étranger à sa vie et enveloppé de mystères) et d'un combo simple action/horreur/érotisme plus explicite que significatif, l'histoire s'écroule rapidement sous le poids du vide qui l'anime.

Un brin de morale est bien glissé ici et là concernant la cruauté humaine ou la mentalité coloniale, l'héroïsme inspirant ou la psychologie des foules mais c'est tellement amené à la pelleteuse que ça ferait passer The Boys pour une œuvre subtile en comparaison. Faussement subversif sur la religion, absolument niais sur les relations amoureuses et passablement désastreux sur la psychologie des personnages, je ne comprends pas bien comment ce manga a pu se hisser au statut culte qu'il semble avoir encore aujourd'hui. Le sexe y est omniprésent, les femmes tombent amoureuses en trois frames du protagoniste masculin qu'elles côtoient, parfois en moins de 3 lignes de texte, la violence et le sadisme omniprésents sont agencés comme un torture porn adolescent...

Quant à l'histoire, elle est acceptable jusqu'à ce qu'elle ouvre la porte de la compréhension des mystères qui la soutiennent et qu'elle ne s'enfonce dans un tourbillon de n'importe quoi entre aliens, vampires, conspiration internationale, colonisation, créatures divines et au milieu de tout ça Kuruno qui essaie de retrouver la gentille Tae. Même les règles du jeu sonnent faux au point de rappeler les pires jeux video moderne avec les respawns, les gears à choisir en début de partie et même le soin des blessures au hub. Les aliens sont évidemment TRÈS cruels (des camps de concentration pour humains tout nu, tout de même), les vampires sont cruels et froids puis en fait deviennent des alliés puis s'évaporent. On en arrive à la conclusion que comme pour Invincible, l'auteur a voulu jeter dedans un peu de tout. Cependant, si Invincible ressemble à un repas copieux chez mamie, Gantz se rapproche plutôt des channels de food porn américains avec leur lasagnes composées de Big Mac et de fromage en tube.

Tout est très gras, très lourd, pesant (parfois dans le bon sens pour l'horreur) et parfois ce poids s'évapore lorsque l'auteur "oublie" des règles qu'il a lui même mises en places quelques chapitres plus tôt. Et puis les deus ex machina, les personnages qui dans le premier quart oublie littéralement leurs armes en plein combat et se disent que tenter un un-contre-un sans règle avec des aliens dont ils ne connaissent pas les capacités, c'est ok....


Au rang des bonnes choses, on trouve :

  • les premiers arcs qui allient le mystère de l'intrigue autour de la boule noire et des horreurs qu'elle amène les héros à côtoyer ;
  • le développement du personnage du héros qui bien que très binaire (il est médiocre-individualiste vingt chapitres puis un héros inspirant voire christique sur les 363 autres) est plutôt bien amené ;
  • une maîtrise de l'horreur visuelle assez élaborée
  • quelques questionnements laissés libres sur la légèreté de l'être, la violence et les relations nouées entre humains.

Au delà de ça, on lui préfèrera Gunnm de très loin pour à peu près toutes les thématiques, la qualité des combats (qui sont dans la seconde moitié très souvent illisibles) et le développement du personnage principal dans la grande machine d'un monde qui ne l'a pas attendue pour exister.

CharlesdeBatz
5
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le 11 juin 2024

Critique lue 17 fois

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CharlesdeBatz

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