Le destin édifiant d'un jeune écervelé truffé d'idées délétères, comme tant de gens de son époque, poussé au crime par une oppression centenaire. Ça valait déjà bien qu'on se penche sur les mécanismes subtils qui ont mené à la grande boucherie de 14, parce qu'on peine à comprendre comment le monde a pu s'engager tête baissée dans une monstruosité pareille. C'est toujours fascinant de voir comment les destins individuels, et donc les motifs personnels, s'agrègent pour aboutir à l'absurdité à la course folle qu'on appelle l'histoire... Mais en plus, quand c'est fait à travers des planches de cette qualité, pourquoi se priver ? Le travail sur le noir et blanc est absolument somptueux. Hachures blanches, aplats noirs, ou l'inverse, la variété des procédés est sidérante et d'une maîtrise admirable. Pourtant, la couverture n'incitait guère à la curiosité, mais je me félicite de ne pas m'être laissé rebuter. Passé cet étrange écueil, on se laisse embarquer par des variations qui n'ont rien de bêtes nuances de gris, jusqu'au dénouement redouté parce que bien connu, évoqué avec une vraie maestria narrative. Bref, chapeau !