Crime contre l'Humanité : Quand l'Art Dépasse les Frontières !

Le manga "Gen d'Hiroshima", à l'image des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945, est un choc, une stupeur, un tremblement, pour le lecteur qui se sent tout petit face à l'ampleur des souffrances endurées. Écrit par un survivant de la bombe, on passe sans transition de la dictature impéraliste guerrière au cataclysme inhumain de la bombe, puis à la survie miraculeuse de quelques uns dans un environnement cruel et hostile, où la bombe continue à tuer inexorablement.

Toute la qualité et la finesse du manga réside dans l'équilibre entre la réalité du témoignage et l'apport de la fiction. Comme l'auteur l'a dit lui-même, 80% de réalité, 20% de fiction, on sent que c'est souvent romancé, ce qui lui permet de mettre une légère distance avec des souvenirs traumatisants, et de rendre le récit plus captivant, mais sans perdre une miette de l'indescriptible émotion de sentir un survivant raconter son histoire et celle de la bombe pour tous les autres qui ne seront plus jamais là pour le faire.

Aux confins du tragique et de l'horreur du crime contre l'humanité, en plus de rendre un vibrant hommage à tous ceux qui sont tombés, en plus de décrire toutes les conséquences perfides de l'évènement, l'auteur, hébété par son vécu, dénonce et s'engage avec fougue sans considérations de frontières, il veut toucher tout le monde. La guerre, c'est l'affaire des nantis et des industriels, ils ont plongé le monde dans la guerre, en ont profité, s'en sont lavés les mains, se sont enrichis et comme toujours c'est le peuple lambda qui trinque, et paye le plus lourd tribu de la folie des gouvernants et des puissants. Qu'ils soient américains, cad les responsables de ce crime contre l'humanité, ou japonais, par l'obstination déraisonnable à continuer la guerre, tout le monde en prend pour son grade, y compris tous les opportunistes, qui soutiennent la guerre, puis dans une hypocrisie totale défendent par la suite la paix ! (Coucou Obama)

Pour finir, outre la compassion et la révolte, il ressort de cet engagement pacifiste et anti-militariste, ainsi que de la force de ce témoignage :

Une Grande Espérance Personifiée par ce Héros Absolu qu'est Gen Nakoaka, qui endure avec courage une série de deuils et d'épreuves, faisant preuve de bonté, d'humilité et d'altruisme, même si ça ne change pas un destin, ça change le destin ! C'est le chemin vers la paix ! C'est le chemin vers son évolution d'artiste humaniste !

Inspirée pour le reste de sa vie par la figure paternelle pacifiste qui lui disait ceci :

"Gen, le blé germe en hiver et plus on le piétine et plus il s'enracine pour donner un épi bien droit. Tu dois être comme le blé ! Si on te piétine, deviens encore plus fort !"