Les suites immédiates de la bombe atomique sont affreuses: Gen le garçonnet râleur et pleurnicheur a maintenant toutes les raisons d’être perdu, et il l’est mais il vieillit sous nos yeux en découvrant l’horreur qui l’entoure.
Impossible de savoir ce qui est exagéré ou pas, le mangaka a travaillé à partir de ses souvenirs, et quels souvenirs!
Le trait qu’on jugeait trop naïf dans le premier tome devient salvateur ici: parce qu’on a déjà du mal à supporter ce qu’on doit lire, alors autant dire qu’avec un dessin plus réaliste on aurait bien du mal à encaisser le choc.
C’est assez malvenu de se plaindre qu’un dessin nous donne à voir des choses trop dures à encaisser alors que justement nous ne sommes que les lecteurs privilégiés d’une histoire que d’autres ont vécu, mais la difficulté à supporter ce qu’on lit n’est-elle pas justement la preuve qu’on se rend compte au moins partiellement de l’ignominie dont on essaie de nous faire part?
Ce qu’on lit est l’horreur absolue, et les différents personnes qu’on croise, tour à tour gentilles, méchantes, égoïstes, altruistes, des professionnels, des particuliers, la désinformation ambiante, les rumeurs, les recettes miracles, les instructions.
Tout le chaos, toute l’organisation qui essaie de se mettre en place à partir de rien, tout nous crie qu’on ne devrait jamais oublier cette histoire, que ça devrait nous servir de leçon pour qu’on profite de la vie en évitant les conflits.
Immanquablement on pense à tous les drames qui se jouent presque sous nos yeux, et à notre manque de réaction: être autant spectateur des souffrances passées que des souffrances actuelles, c’est être lâche sans avoir l’excuse du “on ne savait pas”.
Finalement nous sommes pires que nos prédécesseurs.