Genèses apocalyptiques
7.5
Genèses apocalyptiques

BD franco-belge de Lewis Trondheim (1999)

Génial. Il s'agit là d'un recueil de six courts récits évoquant sous des angles variés la naissance mais aussi, très souvent, la fin de l'univers.

Sur le plan de la forme, on a bien l'impression d'avoir affaire à une œuvre issue de l'OuBaPo dont Lewis Trondheim est un membre actif : chaque page comprend seize cases carrées surmontées d'un texte bref qu'elles illustrent. Le dessin, en noir et blanc, est assez minimaliste : la case peut être complètement blanche ou noire, il peut n'y avoir qu'un symbole, les personnages sont représentés de façon très simple mais évocatrice, et c'est là qu'on voit la talent du dessinateur. De la même façon le texte est court mais percutant et riche de sens. On ne peut qu'être admiratif de la capacité de Trondheim à exprimer ses idées avec une telle économie : il n'y a pas de superflu, on va à l'essentiel, et ce n'est pas simpliste du tout.

Sur le fond, Lewis Trondheim nous expose ici, avec une facilité déconcertante, les illusions qui font courir les hommes (être des héros), les questions qu'ils se posent sur la mort, mais aussi le processus de la naissance de la monnaie, du troc et des conflits, la naissance et la mort des religions, la science et ses travers, la philosophie et l'insuffisance de ses réponses. On y parle aussi de la question des extra-terrestres et de façon plus générale, de l'altérité et des rapports à l'autre. Sur un mode humoristique et avec toute l'inventivité qui est la sienne, Lewis Trondheim nous invite ainsi à réfléchir à des thèmes essentiels dont le fil rouge est le sens de la vie. A noter que les histoires présentées finissent toujours mal, par l'incertitude, la misère, la destruction ou la fin du monde, d'où le titre de genèses apocalyptiques. Mais il ne faudrait pas croire qu'on a là une vision noire de l'humanité. Pas du tout, l'ensemble est réalisé avec beaucoup d'humour qui fait beaucoup plus qu'atténuer la gravité des questions évoquées.

En tout cas, tant sur la forme que sur le fond, on à là un album vraiment original, intelligent et drôle, que l'on peut sans grand risque recommander.
socrate
10
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le 9 mai 2011

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socrate

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